đ Marseille, ville aux milles souvenirs
Marseille. Certains la connaissent pour son Vieux-Port et sa CanebiĂšre. Certains la connaissent pour ses habitants au bronzage tannĂ© par un incessant soleil. Certains la connaissent pour cet accent chantant si caractĂ©ristique de la si bien aimĂ©e Provence. Certains la connaissent pour son mythique VĂ©lodrome et son Ă©quipe qui offre aux passionnĂ©s de ballon rond matiĂšre Ă rĂȘver. Certains la connaissent pour son Maire Ă lâinterminable mandat – ayant dâailleurs trouvĂ© un terme aux derniĂšres municipales, Dieu soit louĂ©. Certains la connaissent pour le parc national dont elle est voisine, et dont beaucoup de ses roches ont servi Ă la construction des bĂątisses aux teintes nuancĂ©es par le blanc du calcaire et les lumiĂšres dâun ciel dâazur. Certains la connaissent pour ses quartiers nord, fruits dâune politique dâurbanisation maladroite, menant fatalement Ă une image Ă©rodĂ©e des Ăąmes qui tentent dây survivre. Certains la connaissent pour les tristes Ă©vĂšnements de la rue dâAubagne survenus en 2019. Certains la connaissent pour sa lĂ©gendaire boisson aux couleurs de lâĂ©tĂ©, et au goĂ»t qui nous rappelle certaines fins de soirĂ©es. Certains la connaissent pour mille et une autres raisons. Je lâai surtout connu par Jeanne, qui chaque semaine, mâen Ă©voquait de maniĂšre mĂ©lancolique de prĂ©cieux souvenirs.
200712 – Marseille 1 – 43.3°N, 5.37°E 200712 – Marseille 2 – 43.29°N, 5.38°E
đ Noailles la merveilleuse
Nous partons nous égarer dans les sinueuses ruelles de Noailles. Une ode à la vie, ce quartier me charme par son humeur, ses odeurs. Là -bas, les sons dégagent une mélodie méditerranéenne. Une agréable symphonie dont on se laisse facilement bercer.
Nous progressons parmi les Ă©tales serrĂ©s qui fleurissent le pavĂ©. On y trouve des poissonniers, dont la marchandise provient du Vieux Port Ă quelques pas dâici ; on y trouve des Ă©piciers, dont les tonalitĂ©s arc-en-ciels de leur cannelle curcuma gingembre paprika piments safran et jâen passe me suggĂšrent dâagrĂ©ables souvenirs de dĂ©ambulations dans les souks maghrĂ©bins ; on y trouve des colporteurs, dont lâinexplicable diversitĂ© de bibelots semble inĂ©puisable.



Au dĂ©tour dâun regard, nous apercevons des vendeurs Ă la sauvette. Les cigarettes vendues Ă lâunitĂ© ou celles vendues dans des paquets encore habillĂ©s des couleurs de nos cigarettiers prĂ©fĂ©rĂ©s chargent les poches secrĂštes de ces messieurs. « Cigarettes ? Non merci jâai les miennes », rĂ©pondĂ©-je avec la mĂȘme fermetĂ© quâHubert Bonisseur de La Bath.
Comme les quartiers de Belsunce, du Panier, le cours Julien, et toutes ses ruelles, rues et boulevard qui serpentent des collines Ă la MĂ©diterranĂ©e, Noailles est un voyage dans le voyage. Une immersion dans un monde pluri-culturel, oĂč le peuple tient le pavĂ© comme les paysans la terre. OĂč la vie ne cessera jamais.
đ Calanques
« Un vrai coin de paradis », sâexclamaient-ils. « Je viens de traverser un bout de la France, leur rĂ©pondais-je. Jâai du mal Ă imaginer plus bel endroit que les gorges du Tarn, de la Jonte, que les plateaux de lâAubrac et du Cantal, que les volcans dâAuvergne, que le Causse MĂ©jean ou encore le cĆur des CĂ©vennes ». Note pour plus tard ne jamais parler trop vite.



Avant de sâinstaller au pied de la MĂ©diterranĂ©e, nous traversons les Goudes. Ancien port de pĂȘche et nouveau port de plaisance, les Goudes est un idĂ©al, coincĂ© entre le cĆur de Marseille et lâentrĂ©e des Calanques. La MĂ©diterranĂ©e est calme et transparente. Des roches calcaires sâĂ©lĂšvent Ă plus de quatre-cent mĂštres au-dessus du niveau de la mer. Sur les rares plats dont dispose le port, on trouve un dĂ©sordre dâhabitations, vestiges dâanciennes maisons de pĂȘcheurs.
Avant de gagner la mer, je dĂ©cide de mây Ă©garer. Les rues sinueuses illustrent un tableau mĂ©diterranĂ©en : volets colorĂ©s et entrouverts, linge Ă©tendu en travers des ruelles frappĂ©es de soleil, fleurs Ă lâabri dâune chaleur parfois meurtriĂšre, et surtout de rares badauds au regard mĂ©fiant, peu chaleureux vis-Ă -vis des touristes souvent trop curieux. Au plus je mâavance, au plus je me perds dans ce dĂ©cor que je nâaurais jamais pu penser rĂ©el.
200712 – Freedom – 43.28°N, 5.37°E 200712 – Bonne MĂšre – 43.28°N, 5.37°E
đ Bonne MĂšre de Marseille
Nous terminons notre pĂ©riple dans la citĂ©e phocĂ©enne par la symbolique Bonne-MĂšre. Le cadran affiche dix-huit heures. Nous sommes assis face Ă un stade de football synthĂ©tique. Les couleurs du couchant donnent de faux airs de cartes postales Ă notre panorama. Les teintes chaudes du soleil qui tombent Ă©claire les visages dâune population dĂ©confinĂ©e. Jâobserve les personnes autour de nous. Ils discutent, ils rient, ils observent eux aussi.



Je prends une pause dans mon pĂ©riple. Pendant un mois, je reste aux cĂŽtĂ©s de Jeanne pour savourer son regard, sa tendresse, ses caresses, et le reste dâĂ©quilibre mis Ă mal par mes pĂ©ripĂ©ties, par mon choix de vie. A force de marche, jâai appris une chose. Il ne sert Ă rien de se presser. Il est important de se reposer et dâapprĂ©cier. Il est important de profiter et dâaimer.
Journal de bord
Ne loupez pas les prochains billets et inscrivez-vous au journal de bord. Je ne raffole pas des spams, vous ne serez pas noyés de mes pérégrinations !