📔 Jura
📅 8 jours (dont un jour de pause à Pontarlier)
🗺 170.3 kils
⛰️ 4 480 D+ / 4 350 D-
🥾 230 796 pas
🏕 4 nuits en bivouac, 2 nuits en abri et 2 nuits en hôtel à Pontarlier
📍 Du Jura suisse aux gorges du Doubs (25)
📸 Ilford HP5 Plus 400
—
La carte ci-dessus représente le trajet effectué aux mois de septembre et d’octobre, entre le Jura suisse et Strasbourg.
Voyage, voyage :
📔 Jura/Jura suisse
Le temps de vingt-quatre heures d’arrêt à Genève et me voilà déjà de retour sur les chemins. Une courte pause que j’aurais volontiers prolongée. Les six kilomètres avalés cet après-midi ont été parmi les plus durs depuis mon départ. S’agit-il des excès culinaires des deux derniers repas où la très généreuse mère de Martin m’a nourri comme si j’étais arrivé accompagné de quatre personnes ? S’agit-il du mauvais temps, de l’orage qui gronde et rythme mes pas, ainsi que de la pluie qui s’abat sur mon visage ? S’agit-il de ce nouveau terrain de jeu, le Jura, bien différent des altitudes alpines parcourues ces dernières semaines ?
Je suis installé en tailleur dans ma tente. J’écoute les quelques gouttes qui parviennent à passer à travers les branches sous lesquelles je suis abrité. La météorologie, cette science de l’incertain, prévoit pour les jours qui arrivent un lourd mélange de pluie et d’orages. Je pense aux météorologues rencontrés fin août à la sortie du Mercantour. Je me demande ce qu’ils penseraient du temps d’aujourd’hui. Je me demande s’ils pourraient prévoir avec certitude le temps à venir.
Rappel pour plus tard : ne jamais se plaindre de la chaleur, aussi excessive soit-elle.
[🔔Vous désirez suivre mes aventures ? Abonnez-vous au journal de bord. C’est gratuit, et je ne raffole pas des spams, vous ne serez ni noyé de publicités, ni de mes pérégrinations ! S’abonner au journal de bord ↗︎]
📔 Jura/Les Rousses
Ce vingt et un septembre signe mon retour définitif au pays. Après quelques journées en terres helvètes, je franchis la frontière au village de La Cure. Un bâtiment des douanes tout droit sorti d’un autre siècle se dresse sur le chemin. Les deux douaniers présents sur place m’épient. Lorsqu’ils me voient sortir l’appareil photo, ils précisent ne pas vouloir être photographiés. Seraient-ils déjà au courant de l’article 24 de la loi « sécurité globale » ? J’aurais au moins voulu un contrôle d’identité, comme à l’époque où l’espace Schengen n’était qu’un vaste projet, mais non. Sous une bruine mesquine, je poursuis ma route en direction des Rousses.
📔 Jura/Plan de la Citerne
Je viens de prendre mes quartiers dans l’abri du plan de la Citerne. Cette petite cabane en bois de cinq à six mètres carrés me rappelle les escapades de Sylvain Tesson en Sibérie.
Tout de bois, seul son sol est en béton ciré. La cabane dispose de deux fenêtres, l’une donnant sur l’est, l’autre sur l’ouest. Idéal pour les couchers et levers de soleil lorsque la météo permet une meilleure visibilité qu’aujourd’hui, bien entendu. En son intérieur, on y trouve une table, collée contre le mur qui porte la fenêtre donnant sur le levant. Deux bancs y sont aussi installés. Des combles dont le plancher d’un bois souple et confortable demeurent. Mais aucune échelle ne permet d’y accéder et, lorsque j’y passe ma tête, je trouve un sol parsemé d’excréments de rongeurs – que j’entends d’ailleurs batifoler au moment où j’écris ces lignes. Malgré un confort digne d’une chambre d’un hôtel de luxe, je regrette l’absence d’un poêle qui m’aurait apporté la chaleur nécessaire à passer une douce nuit et surtout, à évaporer l’humidité qui a envahi mon barda depuis mon départ de Genève.
À lire dans l’Agora :
📔 Jura/Mont-Dore
Ce matin, à l’issue d’un réveil dans une cabane de chasseurs, je me remets en route en direction du Mont-Dore. L’ambiance est particulière. L’humidité transformée en épaisse brume a envahi les sentiers qui découpent la forêt et traversent les pâtures. Avec une vue limitée par le brouillard à une dizaine de mètres seulement, ma progression se veut lente. Chaque pas est calculé. Les rares sorties de terre sont glissantes, les chutes pouvant alors survenir brusquement. Au détour de certains arbres, j’entends le raisonnement des cloches des dernières vaches restées en alpages. Cette résonance qui me rappelle les belles bêtes d’Abondance ou du Beaufort me rassure. Je ne suis pas le seul être vivant à évoluer dans cet épais brouillard.
[🔔Vous désirez suivre mes aventures ? Abonnez-vous au journal de bord. C’est gratuit, et je ne raffole pas des spams, vous ne serez ni noyé de publicités, ni de mes pérégrinations ! S’abonner au journal de bord ↗︎]
Alors que je me rapproche du Mont-Dore, je suis surpris par la présence d’un panneau indiquant les « Risque de chute dans le vide – Danger par temps de brouillard ». Si vous lisez ce texte, je ne suis pas tombé dans le vide et demeure probablement en vie.
📔 Doubs/Pontarlier
Il pleut.
📔 Doubs/Point de vue du Fer à Cheval
Il grêle.
📔 Doubs/Villers-le-Lac
Il neige.
📔 Gorges du Doubs/Cabane des pêcheurs
Je n’arrive plus à trouver les mots, à trouver les phrases, à trouver les idées qui m’inspirent. Je doute quant à l’origine du problème. L’eau, le froid, l’humidité ? Je suis rongé depuis quarante-huit heures par une atmosphère qui n’a rien de l’été indien dont j’ai si longtemps espéré. Depuis deux soirs, je me couche dans un duvet froid et humide. Depuis deux matins, je me réveille dans un duvet froid humide.
Une fois par jour, je désactive le mode avion de l’outil qui me tient connecté au reste du monde. Je ne vise là qu’un seul objectif : l’ouverture de l’application météo, dans l’espoir d’apercevoir l’icône d’un soleil, même caché derrière un nuage. Mais non, pour les jours qui viennent, s’affiche seulement le gris des nuages chargés d’eau et d’orage.
Brèves de comptoir :
Il y a un poêle dans la cabane. Je commence à regretter de ne pas avoir essayé de l’allumer en arrivant. De toute manière, le bois humide aurait rendu toute tentative infructueuse. Seule la bougie qui m’éclaire chauffe les lieux. Mes pieds sont froids, mon dos se raidit, il va être temps de s’emmitoufler dans le duvet. Je claque des dents et Jeanne me manque terriblement.
Laisser un commentaire