📔 Itinéraire
📅 10 jours (dont 3 jours de pause)
🗺 91.4 kils
⛰️ 7 250 D+ / 4 260 D-
🥾 147 372 pas
🏕 6 nuits en bivouac et 4 nuits chez Nicolas
📍 De Menton (06) au lac de Trécolpas dans le Mercantour (06)
📸 Ilford FP4 Plus 125
La carte ci-dessus représente le trajet effectué aux mois d’août et septembre, entre Menton et Thonon-les-Bains.
📔 Itinéraire

Deux jours de marche, une violente dépression orageuse et des souliers trop grands pour mes pieds auront suffi à quitter le Mercantour pour m’offrir trois jours de pause. Dans la ville qui accueille l’édition 2020 du Tour de France (seul un aveugle louperait les immenses affiches jaunes qui inondent la ville), j’ai trouvé refuge chez Thibaut, une connaissance de longue date.
Sur place, Thibault me reçoit comme Sinbad le Marin a accueilli Franz sur l’île de Monte-Cristo. A défaut de trouver un coffre rempli de pièces d’or, de diamants et autres rubis, nous préférons la consommation d’un lointain cousin du dawamesk, dont Alexandre Dumas prenait un malin plaisir à en évoquer les plus belles subtilités.
Souvent nous passons ainsi auprès du bonheur sans le voir, sans le regarder, ou, si nous l’avons vu et regardé, sans le reconnaître. Êtes-vous un homme positif et l’or est-il votre Dieu, goûter à ceci, et les mines du Pérou, de Guzarate et de Golconde vous seront ouvertes. Êtes-vous un homme d’imagination, êtes-vous poète, goûter encore à ceci, et les barrières du possible disparaîtront ; les champs de l’infini vont s’ouvrir, vous vous promènerez, libre de cœur, libre d’esprit, dans le domaine sans bornes de la rêverie. Êtes-vous ambitieux, courez-vous après les grandeurs de la terre, goûter de ceci toujours, et dans une heure vous serez roi, non pas roi d’un petit royaume caché dans un coin de l’Europe, comme la France, l’Espagne ou l’Angleterre, mais rois du monde, roi de l’univers, roi de la création. Votre trône sera dressé sur la montagne où Satan emporta Jésus ; et, sans avoir besoin de lui faire hommage, sans être forcé de lui baiser la griffe, vous serez le souverain maître de tous les royaumes de la terre. N’est-ce pas tentant, ce que je vous offre là, dites, et n’est-ce pas une chose bien facile puisqu’il n’y a que cela à faire ?
Le Comte de Monte-Cristo, Alexandre Dumas, 1844



Trèves de plaisanterie. Quelques maux de têtes plus tard, Météo France lève les alertes oranges qui couraient jusqu’alors. Je viens de trouver une paire de chaussures qui épousent mes pieds d’une si belle manière que Cendrillon en serait jalouse. Un train à destination de Sospel est prévu dans l’après-midi. C’est décidé, je monte dedans. Ce soir, je dors à nouveau dans le Mercantour.
📔 Mercantour/Refuge des Merveilles



« Des orages sont prévus en fin d’après-midi pendant une semaine encore. Dès fois ils tombent. Dès fois ils ne tombent pas. Aux vues des nuages que l’on a au-dessus de la tête, je ne pense pas que l’orage grondera ce soir », m’indique un guide du CAF (Club Alpin Français), perplexe. Le guide du CAF poursuit ses explications sur la météorologie locale. Devant une assemblée qui boit ses paroles, il précise que les cumulonimbus, dits nuages à orages, seraient conséquences de trois facteurs :
- Le relief : le parc du Mercantour est l’un des parc montagneux les plus élevés de sa région. Par effet orographique, le terrain devient naturellement propice aux développements d’orages.
- L’humidité : l’évaporation d’une partie de la Méditerranée ainsi que l’évapotranspiration des massifs forestiers de la région favorise la remontée d’air humide en altitude. Ces phénomènes implique la formation des nuages cotonneux annonciateurs d’orages.
- Les températures : en fin d’été, les températures anormalement plus chaudes que le reste de l’année provoquent un choc thermique lorsqu’un contact se fait avec les airs froids de haute altitude, provoquant généralement en fin de journée éclairs et tonnerre.
A l’issue de cette sommaire démonstration, le guide prend congés. « La seule pression que je subit ici, c’est celle que je bois », conclue-t-il les yeux rivés vers le refuge.
200816 – Autres graffitis – Position inconnue 200816 – Lac des Merveilles 1 – 44.07°N, 7.44°E
Je pars m’installer sur l’aire de bivouac du refuge des Meveilles où je trouve un délicieux terre-plein qui fera le bonheur de mon dos. Face à moi, dans l’ombre des nuages menaçants, le Mont des Merveilles, qui porte son sommet à 2 720 mètres du niveau de la méditerranée. De mes bivouacs de 2020, celui-ci rentre sans aucun doute dans l’un des plus appréciables.
200816 – Graffitis protohistoriques 1 – Position inconnue 200816 – Graffitis protohistoriques 2 – Position inconnue 200816 – le Lac long supérieur – 44.06°N, 7.44°E
📔 Mercantour/Refuge de Nice
Le nom du refuge devant lequel je suis affalé – Refuge de Nice – me rappelle mon trajet ferroviaire entre Nice et Menton il y a deux jours. Alors que je profitais de la douceur d’un siège première classe tout en me délectant du paysage qui défilait à toute allure derrière la fenêtre, des gouttes d’eau salée se sont échappées le long de mes joues. Comme à chaque départ, un torrent de larmes dévale mon visage comme un torrent dévale la montagne. Dans ces moments, je comprends m’engager sur des chemins où les demi-tours ne relèvent plus de l’option. Dans ces moments, mon cœur s’emballe, mon cerveau bouillonne. Je suis pris d’assaut par un bataillon de sentiments. De la joie, de la tristesse, de l’anxiété, beaucoup d’anxiété. La tête baissée, la moitié du visage recouvert par mon masque, je peine à dissimuler l’expression de ces sentiments.



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200816 – Lac des Merveilles 2 – 44.07°N, 7.44°E 200816 – Le Lac long supérieur – 44.06°N, 7.44°E
📔 Mercantour/Quelque part entre deux rochers
Quatre jours que j’arpente les sentiers du Mercantour. Quatre jours que je ne cesse d’apprécier les paysages dépeints de roches granitiques, calcaires, gréseuses. On m’avait à plusieurs reprises affirmé que la France était le plus ravissant territoire de notre planète. Par chauvinisme, j’ai envie d’appuyer cette affirmation. Ici, le temps s’écoule différemment.



Ici, on marche, on court, on pédale. Ici, tout va moins vite. Ici, la beauté a repris comme la nature très récemment ses droits. Ici, les véhicules motorisés ont disparu. Sylvain Tesson allongeait sur papier dans son roman Sur les chemins noirs à propos des véhicules à moteur :
C’était injuste, car le moteur à explosion avait installé sa suprématie sur la marche à pied que depuis une date récente. Aussi le piéton aurait-il dû jouir de la présence historique.
Sur les chemins noirs, Sylvain Tesson, 2016
Ici, Sylvain Tesson serait ravi.



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