Découverte de la région parisienne, randonner en forêt de Rambouillet sur le GR1 (part. 4)

Temps de lecture : 7 minutes

Si vous souhaitez randonner en forêt de Rambouillet et visualiser l’itinéraire complet, n’hésitez pas à vous rendre sur la première partie.

📅 Jeudi 21 mai

🥾 9.8 kils
📍 De Rambouillet à la Vallée de la Guesle

Aujourd’hui, nous célébrons l’élévation du Christ au ciel. Nous célébrons aussi la journée la plus chaude de la semaine. Nous prenons notre temps pour quitter le Airbnb dans lequel Jeanne et moi-même avons passé la nuit (et dans lequel j’ai pu dormir sur un vrai matelas après sept jours de bivouac).

Au matin, chacun des colocataires est présent. Il y a Yann, qui se passionne pour la peinture sur figurines ; il y a Luc, actuellement à la recherche d’un emploi dans l’administratif ; et il y a Xavier et sa compagne, respectivement banquier (et accessoirement propriétaire des lieux) et assistante à la petite enfance. Alors que nous avions prévu un départ sur les coups de neuf heures, nous restons finalement en terrasse du Airbnb à descendre des litres de café tout en essayant de refaire le monde. Le soleil monte vite, un peu trop d’ailleurs. Vers onze heures, la température doit déjà flirter avec les trente degrés, nous nous décidons enfin à partir.

Sortir de Rambouillet par le GR1 en période de confinement n’a rien d’extraordinaire. Usuellement, le chemin emprunte les jardins du château qui sont en ce 21 mai toujours fermés. De fait, le seule option pour rattraper le GR1 n’est ni plus ni moins que la route départementale D906 qui, vous l’imaginez, ne manque pas de trafic pour un jour férié ensoleillé. Pendant une bonne demie heure, nous longeons cette route de l’angoisse pour enfin nous enfoncer sur des sentiers qui nous ramènent doucement mais sûrement en forêt de Rambouillet.

Nous décidons de notre pause déjeuner à l’ombre des chênes de la forêt, à la sortie de Gazeran. Des parcelles de la forêt domaniale de Rambouillet que j’ai pu traverser depuis plusieurs jours, j’ai remarqué une différence notable avec Fontainebleau. Autour de Rambouillet, les chênaies dominent le paysage. Il suffit d’ailleurs de consulter les 1:25000 IGN pour remarquer une présence bien plus importante de chênes remarquables en forêt de Rambouillet que nulle part ailleurs en région parisienne. Sous sa canopée, les chênaies apportent un microclimat frais et agréable, souvent différent du climat sec qui règne dans les pinèdes de Fontainebleau.

Après une bonne heure et demie de pause à profiter de quelques tranches de saucisson et d’un thé vert, nous nous remettons en route. Une vingtaine de minutes de marche seulement nous suffisent à nous retrouver nez-à-nez avec le chêne de la Pocqueterie, premier chêne remarquable que nous décidons de contempler.

Un chêne est un être vivant dont la vie s’étale parfois sur plus d’un millénaire. En ce sens, il dégage une sagesse certaine, témoin d’histoires tantôt meurtrières, tantôt romantiques. Sous un tel arbre au tronc large et majestueux et aux branches longues et biscornues, l’Homme se retrouve face à une immense beauté qu’il ne saurait décrire. Dans un si simple appareil, un chêne peut traverser les saisons suivant un cycle rigoureusement respecté.

Au printemps, saison du redémarrage de la vie, ses feuilles apparaissent, comme si les souvenirs d’un hiver rigoureux s’étaient déjà envolés. Au cours de l’été, le chêne se met au travail. Il utilise son colossal feuillage pour se nourrir d’un soleil qui durant ces mois de l’année ne se retient pas d’envoyer ses plus beaux rayons. À l’arrivée de l’automne, les jours se veulent plus courts, les températures plus froides. Le chêne se concentre alors sur l’essentiel. Il se séparent des feuilles qui sans soleil et photosynthèse ne lui sont presque plus d’aucune utilité. Dans un ballet de couleurs chaudes, les feuilles basculent d’un vert vif émeraude à un marron mort et profond. Elles volent alors au sol, préparant pour l’hiver qui arrive un humus qui nourrira autant que nécessaire les racines de l’arbre. Mais trêve de réflexions et poésie sur le chêne, nous devons reprendre la marche.

Après nous être attardés quelques centaines de mètres plus loin à observer un pic épeiche nourrissant ses petits, nous arrivons finalement aux Rochers d’Angennes. Les Rochers sont situés au cœur d’une pinède, et disposent de plats pour le bivouac. En d’autres termes, il s’agit d’une parfaite localisation pour passer la nuit. Avant de monter le camp, nous décidons d’une petite pause sieste/lecture. Il est en fait encore trop tôt et nous ne voulons pas attirer les regards sur notre tente.

Durant la pause, nous croisons Alex et Claire qui, comme nous, cherchent un endroit où s’installer. A notre différence, le couple possède un chien, Lucky. Ils prévoient de redescendre un peu plus bas pour trouver un bivouac proche d’une source d’eau. Dans le doute, nous échangeons nos numéros : si l’un d’entre-nous rencontre des emmerdes (je songe notamment à mon expérience du weekend dernier), nous pourrons toujours nous rejoindre. Par le plus grand des hasards, une dizaine de jeunes scouts prêts à camper et à descendre les rares bouteilles d’alcool qui remplissent leurs sacs débarquent dans les minutes qui suivent. Sans me poser trop de question, je dégaine mon téléphone et demande à Alex où ils se sont installés. Une demie heure plus tard, nous les rejoignons de l’autre côté de la vallée de la Guesle.

📅 Vendredi 22 mai

🥾 16.2 kils
📍 De la Vallée de la Guesle au Étangs de Hollande

Nous nous réveillons en compagnie de nos nouveaux camarades, Alex Claire et Lucky, auprès de qui nous avions planté la tente de peur de passer la nuit à côté de jeunes scouts un peu trop dévergondés. A l’issue d’un bon petit déjeuner, et avant de refaire un plein d’eau dans la rivière un peu plus bas, nous nous remettons en route.

Alex, Claire et Lucky nous accompagnent jusqu’en fin de matinée. Lorsqu’ils s’éloignent, Jeanne et moi-même partons à la conquête des chênes remarquables de la forêt domaniale de Rambouillet. En vue d’éviter d’innombrables détours, nous retenons les chênes SARRAF et Granget, situés à quelques mètres l’un de l’autre.

A l’issue de longues observations de ces majestueuses créations de la nature, nous trouvons un spot qui domine une infime partie de la vallée de la Vesgres, où la cime de ses arbres est bien plus visible que la rivière qui y coule. Le temps d’un repas composé de saucisson, cacahuètes, pain et fromage, nous prenons le temps d’observer le paysage et d’aborder des sujets aussi divers que variés.

L’après-midi est très chaude. La chênaie que nous arpentions en matinée a laissé place à une pinède dont le sable fin relâche abusivement la chaleur du soleil captée depuis le début de la journée. Nos paroles se font rares, autant que l’eau qui reste dans nos gourdes. Sans trop tarder, nous mettons le cap sur les Étangs de Hollande où nous sommes quasiment sûrs de trouver de quoi nous abreuver.

📅 Samedi 23 mai

🥾 9.2 kils
📍 Des Étangs de Hollande à la gare de Montfort-l’Amaury – Méré

Un trop grand nombre de badauds flânaient autour des étangs pour y planter la tente. De plus, COVID oblige, les portes qui donnent à la plage des étangs étaient fermées. Ce qui s’est finalement avéré arrangeant puisque nous avons trouvé un peu plus au cœur de la forêt un emplacement idéal, situé sur un large de lit de feuilles confortables, et sous des branches qui nous ont protégé de la pluie tombée durant la nuit.

Nous prévoyons pour la journée de quitter la forêt de Rambouillet, pour atteindre Montfort-l’Amaury où nous devrions pouvoir attraper un RER pour rentrer. Sur la 1:25000, nous avons repéré quelques sites que nous souhaiterions visiter. Il y a notamment le chêne de Bazoche que nous rejoignons en une demie heure, mais aussi ce qui semble être décrit sur la carte comme des vestiges archéologiques que nous rejoignons quelques minutes plus tard. Malheureusement pour nous, la surprise n’est pas de taille. Autant, Bazoche était à l’instar de beaucoup de ses confrères grand et majestueux, autant les vestiges archéologiques répondent aux grands absents. Probablement cachés sous une parcelle de forêt qui a profité de la crise sanitaire pour reprendre ses droits, les vestiges daignent montrer une once d’archéologie.

Vers midi, nous gagnons le joli petit village de Montfort-l’Amaury, qui en quelques sortes sonne le glas de fin. Pour cette ultime pause, nous décidons de nous octroyer un petit tartare de bœuf à emporter, que nous dégustons sous un soleil ardant, au sommet de la butte qui héberge la tour Anne de Bretagne. Cette butte nous offre un panorama à 180 degrés sur l’ensemble du village et ses environs. Au plus proche, nous apercevons l’église Saint-Pierre, dont les premières constructions remontent au XIeme siècle. L’église, imposante de par sa taille, repose entre les anciennes bâtisses du village, aujourd’hui transformées en commerces ou habitations. On distingue quelques maisons à colombages, quelques routes pavées, mais surtout un charme inéluctable qui fait de Montfort-l’Amaury un village différent de ceux que l’on a pu traverser auparavant.

Peu après treize heures, Jeanne tente de récupérer les horaires du transilien qui passe dans le coin. En quelques clics, nous apprenons deux choses : (1) il n’y a plus que deux trains, l’un dans une petite heure, l’autre en début de soirée ; (2) la gare n’est pas à Montfort-l’Amaury mais à Méré, soient 45 minutes de marche. A l’issue d’une dernière et très bonne bouchée de tartare de boeuf, nous nous remettons en route pour ne pas louper le premier train.

Une heure plus tard, nous montons dans le transilien. Après onze jours de randonnée, nous mettons fin à cette aventure. Le retour à la ville n’en sera que plus difficile.


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