Lac Gjende

Les jardins secrets de Jotunheimen

Temps de lecture : 15 minutes

Le parc national de Jotunheimen n’est pas notre premier coup d’essai au cœur de la farouche nature norvégienne. Fort d’un premier trek à Rondane, le plus vieux parc du pays, nous avons décidé de renfiler nos bottines pour découvrir un non moins célèbre écrin de beauté. En effet, les guides décrivent le parc national de Jotunheimen comme une boîte de Pandore remplie de mille et une curiosités.

Pour parler chiffres, le parc national de Jotunheimen que l’on surnomme « la maison des géants » s’étale sur plus de 3 500 km2, se hissant parmi les plus grands parcs naturels du pays. En toit de l’Europe du nord, il accueille nombre de sommets supérieurs à 2 300 mètres, comme le majestueux Galdhøpiggen (2 469 m d’altitude), le point culminant de la région.

Nous avons décidé de prendre une semaine pour explorer les sentiers qui ramifient le parc. Du refuge de Gjendesheim à l’entrée de Jotunheimen, nous avions imaginé une boucle de 85 kilomètres autour du parc, comprenant des haltes et bivouacs auprès de noms exotiques comme Russvassbue, Spiterstulen ou encore Langvatnet. Toutefois, l’accumulation de la colère du ciel et de notre fatigue a eu raison de notre motivation. Même si l’été demeure la saison la plus propice à la pratique de l’itinérance en Norvège, le climat peut varier aussi rapidement que sur les côtes bretonnes.

Les jardins secrets de Jotunheimen : promenade dans l’un des plus grands parcs nationaux de Norvège

📅 6 jours (dont une journée de pause sous la pluie)
🥾 51 kilomètres
🏔 1 790 D+
📍En boucle autour du refuge de Gjendesheim
📸 Photographies par Jeanne et Simon
🔗 Plus d’informations sur le parc national de Jotunheimen

Cette boucle à Jotunheimen est tirée d’une collection norvégienne qui comprend une balade à Rondane et autour du Trolltunga.

📅 18 juillet

🥾 8 kilomètres
🏔 390 D+
📍 De Gjendesheim à Russvassbue

Depuis la fenêtre impeccable du bus, le paysage forme tout un tas de pliures qui se chevauchent les unes les autres. Le relief devient sauvage et ne semble plus vouloir répondre à un quelconque ordre. En revanche, la beauté est puissante. Les couleurs sont vives. Malgré le ciel d’ardoise, nous admirons une palette fascinante. Tout d’abord, c’est un camaïeu de vert. Il y a du pâle sur le sol, provoqué par le lichen ou les mousses desséchées. Il y a aussi du vif, induit par les bosquets de bouleaux ou de pins qui essaiment la route. À certains virages, des eaux turquoise se dévoilent. Les lacs abondent par ici. Ils sont les miroirs des géants qui les entourent, les plus grands sommets d’Europe du Nord.

Les aiguilles pointent quinze heures lorsque nous atteignons le refuge de Gjendesheim, érigé à l’est du grand lac Gjende. Je l’esquisse dans le paragraphe précédent : l’émotion est toute autre que celle qui nous traversait lorsque nous débarquions, il y a dix jours, de la gare de Hjerkinn. Aux portes du parc national de Jotunheimen, tout paraît démesuré. Les grandeurs des lacs, la hauteur de ses montagnes, le sentiment d’espace et de liberté.

Lac Gjende à Jotunheimen

Le ciel oppressant menace. Nous nous réfugions hâtivement sous la casquette d’un restaurant pour déguster un plat de nouilles instantanées cuit dans un bouillon de bœuf. Nos sacs à dos dégueulent de vivres, toutes justement calculées pour les six jours à venir. Les refuges sont fréquents dans le parc, mais les prix norvégiens sont exorbitants. Avec notre besace d’étudiant, nous rationnons le moindre plat.

Une cuillère dans la bouche, nous observons le flot de marcheurs descendant des bus qui gagnent le refuge de Gjendesheim. À la langue, nous reconnaissons des Norvégiens, mais aussi des Français, des Américains, des personnes venues des pays de l’est. Le petit arrêt de bus pullule de randonneurs en tous genres, de l’ultra-trailer au marcheur du dimanche. Avec sourire, nous nous demandons si Jotunheimen, l’un des parcs les plus préservés du pays, ne serait pas plutôt un Disney Land pour randonneurs chevronnés.

Le temps passe autant que les nuages semblent disparaître. Après nous être harnachés de nos sacs, nous empruntons une première pente, très raide. La ramification des petits sentiers qui la sinuent laisse à chacun la liberté de marcher sans empiéter sur l’espace de l’autre. Sur la toundra infusée d’un vert grisonnant, ces petits sentiers brun sont les veines de la terre. Régulièrement, nous nous arrêtons pour souffler, et admirer un paysage époustouflant. Plus nous prenons de la hauteur, plus le belvédère sur le lac Gjende s’ouvre. Face à nous, les montagnes s’écartent pour que le lac s’étale. Sa surface lisse comme une roche polie par les glaces reflète un monde infini. Au milieu, un petit ferry circule, amenant probablement ses passagers vers le paradis. Au loin, les sommets des montagnes rondelettes sont coiffés d’une calotte de neige, rappelant que le froid ne se situe jamais très loin.

Après trois heures de parcours dans cette fresque norvégienne, la pluie nous rattrape. Au lieu-dit de Russvassbue qui borde le lac Russvatnet, nous nous installons sous le toit de l’une des terrasses des cabanes construites ici. Sur le ponton qui plonge dans le lac, deux bergers amarrent leur barque. Nous échangeons quelques mots. Ils nous racontent qu’ils détiennent 200 moutons, qu’ils nourrissent leurs animaux de « snacks » pour les rendre plus heureux, et qu’ils doivent rentrer parce que « madame a sans doute fini de cuisiner ». Avant de déguerpir, il vérifie que leur embarcation soit bien accrochée. « C’est plus simple de se déplacer en bateau », concluent-ils, un large sourire au milieu du visage.

À 22 heures, nous nous enfonçons confortablement dans nos duvets, sur la terrasse toujours. Cette nuit sera la première nuit à Jotunheimen, et la première sous la pluie.

📅 19 juillet

🥾 15,7 kilomètres
🏔 540 D+
📍 De Russvassbue aux rives de la Veo

Le réveil sonne six heures pétantes. D’après les prévisions météorologiques étudiées la veille, la pluie devrait revenir au cours de la matinée. Obnubilés par la vapeur que dégagent nos tasses de thé, nous nous engraissons de barres de céréales. Au-dessus des eaux calmes du lac, dans un ballet d’éclaircies, les averses commencent à tomber. Je regarde ma montre : six heures passées de 30 minutes. Lorsque nous nous extirpons de notre terrasse, nous témoignons d’un vent impétueux, qui transforme la pluie en une immense gifle aquatique.

Vallée à Jotunheimen

Sur les bords du Russvatnet surmonté par le Bessfjellet (1 636 m), dans une myriade de pluies éphémères, nous scrutons un paysage merveilleux. Si l’ambiance du désert marocain m’évoque certaines scènes de Star Wars, alors celle des montagnes norvégiennes me remémore Le Seigneur des Anneaux. Le vert et le bleu sont les couleurs dominantes. Loin de nous les souvenirs des villes, nous apprécions ce spectacle authentique, non perverti des mains de l’homme. Par instants, entre les sommets peuplés de lumière et de pluie, un arc-en-ciel se décroche de la voûte nuageuse. Il tombe dans le lac et apporte au sombre contraste des paysages une touche irisée.

Avant de reprendre de l’altitude, nous nous noyons dans un épais brouillard. Carte et boussole en main, nous tentons de suivre un sentier qui n’en est plus un. Les moutons, à force de passage en file indienne, ont creusé la terre. Celui qui devrait être balisé d’un « T » rouge ne l’est plus. Toutefois, malgré l’altitude, nous continuons d’apercevoir le Russvatnet. Selon la carte, si nous continuons à le longer, nous devrions atteindre dans un maximum de trois kilomètres la Blåtjønnåe, une rivière qui court vers le lac. Contraints tels de remarquables aveugles, nous poursuivons ainsi notre route, jurant sur ces moutons à qui l’on doit notre perte.

Nous n’avons pas cédé à la panique. En revanche, lorsque nous étalons notre carte sur le rocher qui nous sert de table, nous comprenons la modification involontaire de notre itinéraire. Le lac d’altitude Tjønnholtjønne que nous comptions longer ne sera plus. En attendant, à l’abri du vent, nous nous reposons auprès d’une ration lyophilisée. Les militaires affirment que le moral est dans l’assiette. Dans cette météo dantesque, je confirme leur propos.

Refuge de Glitterheim à Jotunheimen

Dans l’après-midi, nous atteignons le refuge de Glitterheim. Il est une grosse baraque bardée de bois peint au falun. À l’intérieur, de vastes pièces sont munies de fauteuils et de canapés, tous orientés vers une grande cheminée. Durant deux heures, café bouillant en main, nous nous affalons dans ces sofas. Nous sommes en Norvège depuis presque deux semaines, et notre escapade à Jotunheimen n’est pas le premier trek que nous nous sommes organisé. Sans grande préparation physique, nous finissons par admettre une terrible fatalité : nos corps souffrent. Chaque repas chaud, chaque café bouillant, chaque repos auprès d’une cheminée sera bénéfique pour notre capital santé, actuellement en berne.

À 18 heures, après s’être battus avec nous-mêmes pour retrouver le courage de mettre les pieds dehors, nous décidons de repartir pour moins d’une heure de marche. Le gardien du refuge, un homme fort au regard froid, nous précise que la Veo qui coule depuis les glaciers de Véobrean regorge de plats, idéals pour le bivouac. Sur le pas de la porte, il ajoute une dernière recommandation : « attention aux moustiques ».

📅 20 juillet

🥾 14,3 kilomètres
🏔 270 D+
📍 Des rives de la Veo à Spiterstulen

Le gardien de Glitterheim disait juste : la nuit fut bercée d’un incessant ballet de moustiques, terriblement affamés pour les uns, simplement décontenancés pour les autres. Au bord de la Veo, dont le chant ne parvenait guère à camoufler les vols lancinants, nous avons servi de festin à cette troupe de suceur de sang. Alors, au petit-déjeuner, nous préférons nous dérober de la vue de ces infâmes bestioles avides de sang frais en restant calfeutrés dans nos duvets.

Vallée à Jotunheimen

En revanche, cette matinée devient la plus mémorable de ce passage à Jotunheimen, si ce n’est de notre séjour en Norvège. Nous plions notre tente pour nous diriger en direction du col de Velsglupen. Le long de la Veo, les chemins sont abrupts et plein de roches éclatées. À cause des teintes sombres du granit, la vie semble disparaître. Seule la présence de rares lichens piètrement colorés ravive le paysage. Brusquement, dans le silence creux de la vallée, on se met à hurler. Mon regard jusqu’alors rivé au sol suit le bout d’un doigt qui me montre un flanc de montagne. Sans mes lunettes, je peine à comprendre. Sur les roches, des masses brunes s’agitent. Elles sont comme de grosses boules de laine, égarées dans ce milieu lunaire. Toujours, j’observe. Puis elles se rapprochent. Un, puis deux, puis tout un troupeau de rennes descend la vallée. Probablement paniqué par notre présence, le troupeau dévale à une vitesse surréaliste. Nous jetons nos sacs au sol pour attraper les jumelles. « Tu as les jumelles ? » me demande-t-on. « Non, je ne sais pas dans quel sac elles sont rangées ». Qu’importe, nous continuons à nous enivrer de nos propres yeux. Ce doux moment me rappelle ceux passés à l’orée des forêts de Touraine, où il m’arrivait de surprendre quelques biches sautiller. Ces moments magiques sont des dons de la Providence. Observer une telle nature, sauvage et préservée, est une chance que l’on ne peut se permettre de gaspiller. Finalement, pas loin d’une dizaine de rennes dévale la montagne. Ce matin, nous sommes de ces chanceux privilégiés.

Nous franchissons le col sur les coups de treize heures. Un vent fort s’engouffre dans ce dernier, amplifié par l’effet de goulot. Nous nous abritons derrière un immense roc, posé à côté de l’un des lacs de Veslgluptjonnen. L’ascension était douce mais le froid accentué par le vent accentue la fatigue que nos corps s’épuisent à combattre. Nous sommes partis depuis bientôt dix jours. Notre préparation physique était des plus ordinaires. Notre alimentation varie du plat lyophilisé aux nouilles instantanées. La dépression qui survole le pays ne nous aide guère à nous tenir chaud. En d’autres termes, nous sommes épuisés.

Nous rassemblons nos forces pour la longue descente qui nous attend avant le refuge de Spiterstulen. Sur le grand plateau de Skautflye, le sentier est très bien balisé mais entièrement constitué de roches tantôt saillantes, tantôt glissantes. De fait, la marche devient plus technique et plus douloureuse. Nos muscles faiblissent et nos articulations subissent. Néanmoins, avant la dernière pente qui descend à Spiterstulen, nous prenons le temps d’une halte auprès du Skautkampan. Le petit sommet qui surplombe la vallée de Visdalen dévoile un panorama particulièrement magnifique. À nos pieds, les pierriers disparaissent au profit d’une vallée verdoyante et parcourue par la grande Visa, rivière alimentée de part et d’autres des nombreuses cascades qui chutent des glaciers immortels. De ses eaux calmes se dégage une humidité abondante, à l’origine d’une brume qui signe le décor d’un certain mysticisme. De l’autre côté de la vallée, au travers de l’épaisse couche nuageuse, nous devinons les formes rugueuses du plus haut sommet de Jotunheimen et de Norvège : le Galdhøpiggen, à 2 469 mètres d’altitude.

Plutôt que de camper, nous préférons prendre une chambre au refuge de Spiterstulen. La pluie a entièrement gagné Jotunheimen et il est prévu qu’elle ne cesse qu’à partir du lendemain, au soir. Dans le refuge, auprès de la cheminée, nous redécouvrons le plaisir d’une bière brassée localement : la Lomb. Au regard des prévisions météo, nous nous dirigeons vers l’accueil pour réserver une seconde nuit. Bière, fatigue ou météo, je ne sais pas lequel des trois a eu raison de notre motivation.

📅 21 juillet

🥾 0 kilomètre
🏔 0 D+
📍 Refuge de Spiterstulen

Peu d’anecdotes à écrire. Pluie toute la journée. Nous en profitons pour nous ressourcer. Nous prenons malgré tout une petite heure pour se balader sur les flancs des montagnes qui nous entourent.

Le soir venu, nous partageons la table de notre repas avec un groupe de Suédois, dont la recette de leur repas rendrait fou de rage n’importe quel apprenti cuisinier.

📅 22 juillet

🥾 15,7 kilomètres
🏔 580 D+
📍 De Spiterstulen au lac Langvatnet

48 heures viennent de s’écouler et presque autant de précipitations. Ce matin, la montre affiche dix heures lorsque nous terminons notre copieux petit-déjeuner servi en buffet au refuge de Spiterstulen. Surtout, le ventre plein, nous profitons du buffet pour nous préparer de délicieux casse-croûtes. Dans beaucoup de refuges norvégiens, il est possible d’user des ingrédients non utilisés du buffet pour se concocter un déjeuner. Nous plions le tout dans un papier alimentaire frappé du logo du DNT (l’association de randonnée norvégienne), puis nous retrouvons le monde extérieur, baigné d’une lumière agréable et bleutée.

Au regard de la journée de pause que nous nous sommes octroyée, nous sommes contraints de raccourcir notre itinéraire. La carte dépliée sur une table extérieure, les rayons du soleil visent le refuge de Gjendebu construit en bordure du lac Gjende. Les ferrys que nous guettions le jour de notre départ relient Gjendebu plusieurs fois par jour. Une traversée par les eaux qui hydratent Jotunheimen nous permettrait de récupérer le temps que nous avons consacré à notre récupération. Une nouvelle fois, nous lorgnons la carte, puis l’itinéraire que nous avions initialement calculé. Le sourire qui nous fend le visage témoigne de la joie liée à ces imprévus. L’itinérance n’est finalement qu’une succession d’aventures et de mésaventures.

La reprise est agréable. Entre les quelques nuages qui demeurent, le soleil darde. Nous avalons le dénivelé sans difficulté. La journée de repos additionnée à des repas consistants a rendu notre corps plus efficace que nous ne l’aurions espéré. Sous nos yeux, les montagnes se dévoilent dans une fresque fantastique. Le vert de la toundra se mêle au gris des minéraux, eux-mêmes couverts par endroits du blanc des calottes de neige. Il semblerait que les paysages soient les mêmes, mais tous semblent si différents.

À midi, nous avons accompli plus de la moitié du chemin. Dans la vallée d’Urdadalen, la terre est lunaire. Des rocs par milliers occupent l’espace. En l’absence du vent, nous écoutons les hurlements du silence. Comme dans beaucoup des recoins de Jotunheimen, la beauté est ineffable et nos paroles se font rares. Nous décidons de nous installer derrière un immense bloc de gneiss pour déguster en toute tranquillité nos casse-croûte.

Dans l’après-midi, le vent survient. Dans la vallée, les températures baissent. Néanmoins, nous prenons le temps d’observer les paysages rocheux. Chaque montagne semble sculptée de la main d’un Dieu. Ses formes, mêmes abruptes, répondent à une certaine perfection. Entre ces grandes saillies, on dirait que tout a été pensé, que rien n’a été laissé au hasard.

Lac de Jotunheimen

À 18 heures, nous avons quitté les névés des hautes vallées et le vent nous apporte la pluie. Face aux intempéries, nous avons préféré oublier le refuge de Gjendebu. Une heure plus tôt, nous nous installions aux abords du lac Langvatnet. La tente dressée, nous patientons, longuement. Les 0,2 millimètres prévus entre 18 et 19 heures se transforment en une pluie battante qui durera jusqu’au lendemain matin. Pour rester à l’abri de l’humidité, nous cuisinons pour la première fois sous la tente (à celui qui s’aventure dans une expérience similaire : attention à ne pas faire le con avec le gaz sous la tente). À l’issue de ce repas, enfoncés dans nos duvets, nous songeons au soleil, si agréable. Et nous finissons par admettre que chacun de ses rayons est une réelle bénédiction.

📅 23 juillet

🥾 27 kilomètres (dont 18 en bateau)
🏔 20 D+
📍 Du lac Langvatnet à Gjendesheim

Jusqu’au lever du jour, le ciel n’a cessé de pleurer. Noyé dans un véritable chagrin, il a vidé ses larmes sur une terre devenue tourbière. Dans la tente, tout a pris l’humidité. Les duvets, les chaussures, même l’intérieur des sacs n’est pas épargné. Mais cette étape est la dernière. Dans sept à huit kilomètres, nous trouverons le refuge de Gjendebu.

Vallée à Jotunheimen

Au fil de notre avancée, la descente que nous pensions si facile s’avère plus compliquée que prévu. Avec un ciel azuré et une température qui augmente de manière exponentielle, la pluie tombée la veille s’évapore, rendant l’atmosphère aussi étouffante que dans une jungle tropicale. Le chemin, noyé dans d’innombrables cours d’eau, rend la marche périlleuse. Aussi, les quelques calories absorbées lors de notre rudimentaire petit-déjeuner, composé d’une demi-pomme et de quelques biscuits, ont presque toutes été consommées. Il fait chaud, moite, les tourbières empêchent nos pieds de sécher et nos estomacs crient famine.

À l’issue de trois longues et pénibles heures de marche, nous gagnons enfin le refuge de Gjendebu. Nous nous allongeons sur un quart de pelouse sèche. Sous le soleil cuisant, nous prenons soin d’ôter nos vêtements trempés, et d’étaler notre matériel ruisselant d’humidité. Je démarre le gaz, pour la cuisson d’une ultime préparation de nouilles instantanées parfumée au bœuf. En guise de dessert, nous dégotons au refuge une glace pour la modique somme de 30 NOK (un NOK = 0,90 euro). La vie est belle.

Le ferry déchire les eaux douces et turquoise du Gjende. De part et d’autre, des montagnes vigoureuses s’élèvent vers le ciel, comme des géants fiers de leurs statures. Sur leurs parois, des cascades par dizaines viennent nourrir le lac, et chantent un son agréablement tonitruant. Nous longeons la célèbre crête de Besseggen, réputée pour son panorama spectaculaire sur une large frange de Jotunheimen. Du haut de ses 1 700 mètres, la crête livre un panorama unique, façonné par les lacs et montagnes qui embellissent la région. Pour nous, il n’est aujourd’hui qu’un simple rêve. Demain, peut-être, sera-t-il réalité ?


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