16/10

Temps de lecture : 4 minutes

📅 Saint Jacques de Compostelle – Journal de bord – 16/10

📍 Cirauqui (Olive Garzen) – Château de Villamayor de Monjardín
🥾 25.1
⏱️ 08:40
🌡️ Soleil
⛺ Bivouac au château de Villamayor de Monjardín
📋 Détail des étapes

Ce matin, mon réveil me rappelle ma nuit à Saugnacq, dans les Landes. Alors que je viens à peine d’ouvrir les yeux, deux petits chiens s’approchent timidement de mon duvet en cherchant, à cette heure-ci, désespérément à manger j’imagine. Quand l’un deux va tenter de vider la poubelle à quelques mètres de là, je pense ne pas me tromper. De fait, je partage mon petit déjeuner avec eux : l’un des rares moments trop choupi de l’aventure je dois l’admettre. 

Faute d’avoir essayé, mes deux nouveaux compagnons n’ont pas souhaité m’accompagner. Je reprends donc la route, seul, comme à ma grande habitude. Le temps ne fait pas autant carte postale que la veille, mais n’en est pas pour autant désagréable quand il s’agit de marcher. A midi, je fais une pause à Estella. La ville n’a rien d’exceptionnel mais compte parmi ses nombreux commerces une banque dans laquelle je peux retirer de l’argent, une boulangerie/bar qui vend du pain rassi, un skate park dans lequel je peux manger tout en regardant de jeunes skateurs en devenir, et un café dont les toilettes sont très propres, et le gâteau au yaourt délicieux (n’y voyez aucun rapport bien évidemment). 

En quittant Estella, je passe devant le très réputé monastère d’Irache, où une fontaine à vin est à disposition des badauds. Le doux jus de raisins est gratuit et illimité et je n’ai presque rien bu depuis mon départ. Je m’y arrête, bien évidemment. Je bois un verre, bien évidemment. Je bois un second verre, bien évidemment. Je bois un troisième verre, bien évidemment. Je bois un quatrième verre, bien évidemment. Je suis bourré, bien évidemment. Il me reste 5 kilomètres à parcourir jusque Monjardin. Le ciel s’est miraculeusement dégagé et le soleil vient délicatement accompagner mon ivresse. Après une cigarette, je reprends la route doucement. Mais jambes semblent plus lourdes qu’à l’accoutumée. Mais dans cet état second, la marche en est devenue agréable.

Arrivé à Villamayor de Monjardín, je fais la rencontre d’une team de retraités hollandais qui tient bénévolement la halte jacquaire du village. Ils me proposent une eau citronnée que je ne refuse pas. L’alcool m’a desséché, un peu d’eau fraîche me fera du bien. Nous discutons pendant une bonne heure, de Saint Jacques de Compostelle bien sûr, mais aussi de la France, des Pays-Bas, du vélo, et enfin, du château de Monjardin. Le château de Monjardin est perché sur une colline aux abords du village, à 890 mètres d’altitude. Il s’agit d’un château médiéval qui fut au cœur de grandes batailles lors du Xeme siècle, dont il reste aujourd’hui quelques ruines qu’il est possible de visiter. 

En route pour Villamayor de Monjardín

Les échanges avec les retraités hollandais m’amènent à une seule et même conclusion : il faut que je grimpe dormir là-haut ! Je mets pas loin de trois quarts d’heures pour rejoindre les portes de la forteresse. La montée se fait sans encombre (c’est à dire que j’ai 800 kilomètres d’entraînement dans les jambes), et la vue, une fois au sommet, est magnifique. Pour chacun des points cardinaux, on peut observer des kilomètres et des kilomètres de de paysages. Le ciel est entièrement dégagé, ce qui offre un panorama unique : à l’est je peux voir la ville d’Estella, d’où je suis venu ; à l’ouest, je peux observer le chemin que j’emprunterai demain. 

Plus tard dans la soirée, je suis rejoint par David et Larissa. Il est belge, elle est suisse. Il est en route depuis Vézelay et il bivouaque autant qu’il le peut. Elle est en route depuis le Puy en Velay et elle dort en halte jacquaire. J’échange un peu du chorizo acheté il y a quelques jours contre une bière que David a pris la peine de monter jusqu’ici. David, en plus de son accent très reconnaissable, dispose toujours d’une boisson typique de chez lui dans son sac. Je ne sais pas comment il se débrouille, mais il m’explique toujours porter entre un et deux litres de bières avec lui. Larissa prend une bière aussi, et nous commençons à discuter, tous ensemble, perché sur le versant ouest de la colline du château.

Ce soir, à la vue de l’endroit sensationnel dans lequel nous passons la nuit, David avait prévu pour trois litres de bière. Alors que je pensais en avoir fini avec l’alcool, je remets ça en refaisant le monde avec un belge et une suisse. Après un splendide coucher de soleil, nous nous abritons dans une salle adjacente aux ruines du château. La porte est ouverte, nous en profitons pour y monter notre bivouac. Larissa enfile sa lampe frontale et rejoint la halte jacquaire tenue par les hollandais. A nouveau plongé dans l’ivresse, je m’endors aux côtés de David, bercé par nos ronflements respectifs.

Coucher de soleil depuis le château de Villamayor de Monjardín

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