Vanoise, dixième film sur les GR français ⛰️🎞

Temps de lecture : 6 minutes

📔 Vanoise

📅 6 jours
🗺 117.4 kilomètres
⛰️ 6 670 D+ / 7 040 D-
🥾 195 117 pas
🏕 5 nuits en bivouac et une nuit en abri
📍 Du sanctuaire Notre-Dame-de-Charmaix (73) au lac de Roseland (73) en passant par la Vanoise
📸 Ilford HP5 Plus 400

La carte ci-dessus représente le trajet effectué aux mois d’août et septembre, entre Menton et Thonon-les-Bains.

📔 Vanoise/Refuge du Fond d’Aussois

J’arrive au refuge du Fond d’Aussois vers dix-sept heures. Au vu des lourds nuages noirs de pluie qui survolent les cimes voisines, nous pensions en premier lieu au grondement du tonnerre. Mais la poussière qui s’élève au ciel entre la Pointe de l’Echelle et le Grand Roc nous ramène tout de suite à la triste réalité des effondrements de fin de saison. J’apprends sur place qu’avec les hausses de températures, la roche se dilate et parfois s’écroule. Un événement naturel qui trouve sa tristesse dans les victimes qu’il occasionne.

Vallée du Fond d’Aussois dans la Vanoise
200902 – Vallée du Fond d’Aussois – 45.28°N, 6.70°E

Arrive alors un alpiniste, bien drôlement habillé pour un habitué de la montagne, avec un col de chemise blanc dépassant un pull en V. « J’espère que mes gars n’y sont pas restés », s’écrie-t-il, un large sourire suspendu aux lèvres et le regard rivé vers l’éboulement. Nous concentrons nos regards vers l’alpiniste. S’agit-il du meilleur moment pour rigoler ? Une marcheuse propose de remonter le chemin pour s’assurer qu’il n’y ait pas de victime. Un vent de panique souffle sur le refuge. Dix longues minutes plus tard, les autres alpinistes déboulent : « Une heure de plus et on y restait ». On ne rigole pas avec Dame Nature.

Vallée du Fond d’Aussois vue d’en haut dans la Vanoise
200903 – Fond d’Aussois d’en haut – 45.29°N, 6.69°E
📔 Vanoise/Pointe de l’Observatoire

Presque une dizaine de jours que nous cherchions à l’apercevoir. Tant de fois nous avons essayé, tant de fois nous avons échoué. « Le relief est encore trop élevé pour l’observer », me disait-on. « Dans quelques jours ce sera bon ».

Autoportrait dans la Vanoise
200903 – Autoportrait Mont Blanc – 45.29°N, 6.69°E
📔 Vanoise/Refuge de la Leisse

La Vanoise m’empêche d’écrire. Ou je suis trop fainéant, ou je suis submergé par les sommets que je gravis, les cols que je traverse, les vallées que j’arpente, les sentiers que je piétine. Au contraire, la Vanoise m’invite comme une ode aux rencontres. Il ne me semble pas avoir autant échangé depuis mon départ de Menton il y a quelques semaines.

200904 – Jean-Claude et Nadine – 45.39°N, 6.79°E
200904 – Bastien, Thibaut et Kevin – 45.36°N, 6.73°E
Félix, gardien de la Leisse dans la Vanoise
200904 – Félix, gardien de la Leisse, de face – 45.4°N, 6.88°E

Un homme sans son couteau, c’est comme un homme sans sa bite.

Félix, gardien du refuge de la Leisse, après m’avoir offert un Opinel qui me suivra jusqu’à la fin de mon périple.

Je peine parfois à prendre une pause. Malgré les plaintes que porte mon corps, je poursuis comme un enfant qui parcourt les allées d’un parc d’attractions. La balise GPS indique presque dix heures d’activité, avec un dénivelé positif estimé à mille deux cents mètres étalé sur dix-huit longs kilomètres. Des statistiques qui feraient sourire les aficionados de shorts très courts et courses ultralégères, mais des statistiques qui m’apparaissent amplement suffisantes lorsque la lecture des paysages, de la faune et de la flore deviennent des disciplines à part entière.

Chamois dans la Vanoise
200904 – Chamois – 45.38°N, 6.81°E

Tout semble s’éloigner de la réalité ici. Les montagnes qui habillent la Vanoise sont gigantesques. On y trouve des sommets aux noms qui n’annoncent rien de bon pour les alpinistes qui s’y aventure. La Grande Casse, point culminant du parc à 3 855 mètres du niveau de la mer, le Mont Pourri à 3 779 mètres ou encore la Dent Parrachée à 3 697 mètres. Je ne tenterai pas de les gravir, seuls mes yeux prendront le plaisir de s’y balader quand au détour d’un col ces sommets apparaîtront comme des Goliath parmi une armada de David.

200904 – Hors d’atteinte – 45.37°N, 6.75°E
200904 – Heure de la chute M-34 – 45.38°N, 6.76°E
200904 – Lac des Assiettes – 45.39°N, 6.78°E
📔 Vanoise/Col du Palet

Quand mon regard ne s’égare pas dans la recherche des plus beaux sommets du parc, il s’intéresse aux sols foulés par mes pieds. Le massif de la Vanoise dispose d’une géologie complexe, réunissant plusieurs éléments différents. Les profondeurs du parc se composent d’un sol cristallin – micaschistes, grès, quartzite, granite, gneiss, et autres ophiolites – recouvert d’un manteau qui, selon les zones du parc, se veut différent. On trouve à certains endroits du marbre, à d’autres des schistes calcaires et/ou argileux.

Lorsque je franchis le col du Palet, j’observe avec curiosité la Grande Casse qui tente d’exister derrière les épais nuages qui la traversent. La neige qui recouvre le plus haut sommet de la Vanoise laisse apparaître une succession de longs et fins bancs calcaires et argileux. Sans connaissance scientifique particulière, j’imagine simplement que les eaux qui coulaient ici plusieurs milliards d’années auparavant ont taillé des siècles d’accumulation de sédiments, offrant aujourd’hui un regard unique au mastodonte de la Vanoise, à la Grande Casse.

La Grande Casse dans la Vanoise
200905 – La Grande Casse – 45.46°N, 6.87°E

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📔 Vanoise/Chalet de derrière la Rèbe

À l’issue d’une conversation avec Julie et Louise, deux jeunes baroudeuses rencontrées il y a quelques heures, je me remets en direction de Landry à la sortie du parc. Depuis le refuge du col du Palet où nous papotions avec les filles, je découvre une nouvelle Vanoise. La vallée que j’emprunte gagne en chlorophylle. Les roches se font rares, même si je reste entouré d’immenses colosses de pierre d’où surgissent cascades et torrents. Au couchant, l’ombre de la vallée refroidit les lumières. Le silence se fend par le bruit de l’eau qui s’écoule jusqu’au plus creux de la vallée. Au loin, les derniers rayons de soleil font rougir les nuages. Si le paradis existe, je crois que mes pieds caressent son jardin secret.

200905 – Julie et Louise – 45.46°N, 6.86°E
200906 – Blaise – 45.51°N, 6.83°E

Pour dormir, je me dirige vers le chalet de derrière la Rèbe, un petit chalet qui sert probablement de refuge aux éleveurs en alpage. En y arrivant je me vois bloqué par une porte fermée à clé. Néanmoins, je trouve sur la partie nord du bâtiment un abri reposant sur trois murs dont le sol est bétonné et le toit fabriqué de planches d’acier recyclé. Je m’y installe confortablement quand un autre marcheur passe la tête par le quatrième mur inexistant.

Blaise marche depuis Briançon où habite son frère. Demain, il doit gagner Landry où il rejoindra sa sœur qui le ramènera chez elle à Chamonix. Peut-être partagerons-nous quelques sentiers ensemble. Nous verrons demain. La nuit vient de tomber, j’ai froid, il est temps d’aller se coucher.

Parc National de la Vanoise
200905 – Parc National de la Vanoise – Position inconnue

Brèves de comptoir :

📔 Beaufortain/Lac d’Amour

Face au lac, je repère trois garçons allongés sur un plat, le regard baigné dans le reflet des eaux claires de l’Amour.

– Je peux m’installer avec vous ?
– Avec plaisir !

Yann, Maxime et Allan sont trois collègues. Ou plutôt trois copains. Le temps du week-end, ils se sont offert une expérience en nature.

– Tu viens de loin comme ça ?
– Je suis parti de Menton il y a un mois. Je prévois de gagner Strasbourg dans un mois.

Trois garçons dans le Beaufortain
200907 – Yann, Maxime et Allan – 45.64°N, 6.64°E

Ils se montrent curieux. Les questions fusent. Au gré des réponses, je comprends que nous partageons un échange enrichissant. Alors que je les asperge d’anecdotes de voyage, les garçons me réconfortent dans leur écoute. Comme des grands frères, je me sens apaisé à bavarder avec eux. Je me sens écouté. Après avoir balayé le contenu de mon sac, la manière dont je filtre mon eau et la variété de mes repas, ces messieurs décident de prendre congé. « On doit se rapprocher de la voiture pour rentrer demain. Peut-être nous croiserons-nous au bivouac ce soir » ? Je n’aurais pas la chance de les croiser à nouveau. C’est dommage, je pense que j’aurais apprécié leur compagnie.


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