Nouvelles épistolaires d’une marche ligérienne

1 400 kilomètres d’ITINÉRANCE PÉDESTRE EN BORD DE LOIRE

La Loire, dessinée sur les cartes comme une courbe élégante et transversale, transfigure des paysages enchanteurs. Dès l’adolescence, je franchis le cours d’eau à plusieurs reprises par ses ponts de fil, de fer ou de pierre, m’octroyant mes premières flâneries. Je surprends les hérons en vol vers l’horizon, les gabares qui déploient leurs voiles carrées. Les îles de sable à la végétation inculte représentent les éphélides d’un visage harmonieux. Et au-delà des vignes qui peuplent les coteaux, les tours des châteaux caressent l’azur et percent les nuages, charriant jusqu’à leurs sommets des rêves inachevés.

Je marche aujourd’hui en direction de mes 33 printemps. Le 22 mai 2025, j’enfile mon sac à dos, j’emporte avec moi un matelas et un duvet ainsi que mon cahier et mon appareil argentique, le tout dans la promesse de rendre hommage à mes réminiscences. Nul baroud autour de la Bretagne, loin d’un itinéraire slalomant jusqu’en Grèce, moins vagabond qu’un tour de France, j’entame une longue itinérance pédestre le long du fleuve que les géographes désignent comme « le plus sauvage de France ».

Pour embrasser la poésie du cours d’eau, je prévois de quitter mon lieu de vie à Rougé (44) pour me hisser deux mois plus tard au sommet du mont Gerbier-de-Jonc. Je suivrai durant 1 400 kilomètres les berges de la Loire pour m’octroyer la rencontre, fortuite ou non, des Ligériens et Ligériennes qui « habitent » ses rives. Ils sont artisans, vignerons, restaurateurs, bateliers, herboristes, membres de communautés religieuses ou associatives. Cette grande randonnée s’inscrit dans une démarche documentaire vouée à graver le souvenir d’un passage dans les mémoires.

Ce nouveau projet, à l’image des derniers, s’inscrit dans une démarche à la fois oisive et documentaire. La marche constitue une ode à la liberté, une émancipation lente d’une machine lancée à vive allure. Elle est un médium adapté pour s’abjurer de nos fictions sociales et, ainsi, mieux cerner nos réalités. Les écrits et photographies recensées durant ce périple alimenteront un récit ainsi qu’une exposition, publié et organisée dès mon retour.