John appartient à la bande de Bretons que je rencontrais il y a dix ans. Il est de ces personnes avec qui nous sommes partis côtoyer la mort dans les terres sèches et désolées de l’Australie. Lorsque le jeune loup de terre échappe à la condition harassante de son métier de barman, il devient l’écrivain voyageur qu’il a toujours rêvé d’être. À bord de son van, sur des sentes méridionales, il apprécie parcourir les livres et manier la plume. Dans ce billet, John se souvient d’une rencontre paradoxale. C’était au Vietnam, et son chemin croisait à nouveau celui de son père. Bonne lecture !
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🖋📸 Le texte et les photographies ont été fournies par John.
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Voyage, voyage :
Il est parfois nécessaire d’avoir à partir très loin ou très longtemps, pour parvenir à rencontrer quelqu’un de très proche. C’est seulement après une décennie de ma vie exclusivement consacrée à parcourir le monde que j’ai pu vraiment comprendre qui était mon père, et le lien si spécial qui nous unissait.
Cela se passe en 2019, lors de notre aventure commune au Vietnam, sur les traces de nos aïeux, de nos origines et de notre histoire. Je suis l’investigateur de cette échappée fraternelle, ayant notamment pour but de présenter à mon paternel ses deux cousines germaines, et lui permettre enfin, à l’aube de sa troisième génération, de lever le voile sur tant de mystères et de paramètres encore inconnus quant à ses propres origines.
Au-delà de la puissante émotion que je conserverai de ces retrouvailles et du déracinement de ces solides liens enfouis sous un si long passé, je resterai marqué à vie par la complicité que ce voyage a créé entre nous. Cette réalisation que, tout comme moi, mon père ne s’est jamais senti aussi vivant et libre que lorsqu’il était le plus loin possible de son point d’ancrage. Il est presque difficile de décrire à quel point les choses nous ont semblé simples et naturelles, à quel point notre connexion s’est rapidement établie, et combien nous avons goûté notre bonheur d’être juste unis et de partager ces aventures quotidiennes.
Instinctivement j’ai réalisé que notre relation était bien plus puissante qu’un rapport familial au sens traditionnel, mais que j’étais le prolongement et la continuité de ce que mon père avait toujours été : un doux rêveur, un insatiable explorateur, mais par-dessus tout, un homme au grand cœur. Depuis lors, si d’aventures, de troubles ou de peurs, je perds mon essence et me demande qui je suis, je pense à mon père pour retrouver le sens de ma vie.
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