Nous sommes le 11 mai lorsque la première vague de déconfinement devient réalité. Pour la première fois depuis deux mois, je songe aux grands espaces. Fini le camping sur le balcon que j’ai occupé au cœur du 19eme arrondissement de Paris, finies les balades dans un rayon maximum d’un kilomètre (autour de ce fameux balcon toujours), mais pour autant, je dois me contenter d’une escapade en région parisienne si je veux respecter la zone des cents kilomètres.
Au départ, je songe simplement partir randonner en forêt de Fontainebleau. Finalement, il m’aura suffit de quelques clics pour apprendre l’existence du GR1, un tracé de presque 600 kilomètres, qui forme une boucle autour de la région parisienne. Après quelques recherches plus approfondies, je réalise que l’itinéraire traverse des massifs forestiers que j’affectionne particulièrement : Fontainebleau et Rambouillet. C’est décidé, je me donne une dizaine de jours pour parcourir, sur le GR1, les 200 kilomètres qui séparent les extrémités des deux massifs.
Itinéraire
📅 11 jours
🥾 200 kils
🏕 10 nuits en bivouac
🏡 1 nuit en Airbnb
🐦 7 pics épeiches
📍 De la gare de Bois-le-Roi (77) à la gare de Montfort-l’Amaury – Méré (78)
💡 Les liens utiles :
📅 Mercredi 13 mai
🥾 10.7 kils
📍 De la gare de Bois-le-Roi à la Roche-qui-Pleure, en forêt de Fontainebleau
J’arrive avec le RER en gare de Bois-le-Roi (ligne RER au départ de la Gare de Lyon) en courant d’après-midi. La température est bonne, pour ne pas dire excellente. En fait, toutes les conditions pourraient être réunies pour randonner à Fontainebleau si le vent ne soufflait pas aussi fort. Pour rappel, à peine deux jours auparavant, Paris et sa région a essuyé un orage d’une rare intensité et le vent n’a cessé de souffler depuis. Mais peu importe, entre les arbres de la forêt, le vent n’a pas vraiment la chance de se faire entendre.
Je ne perds pas de temps avant de m’enfoncer randonner dans le massif forestier de Fontainebleau. J’ai lu qu’avec le confinement, la nature avait repris ses droits ; j’ai lu qu’avec le déconfinement, les balades en forêt étaient redevenues à la mode. Je marche seul mais je suis constamment accompagné. Non pas par une biche ou un écureuil, mais par des randonneurs qui après deux mois de vie sur la planète COVID, tentent tant bien que mal de redécouvrir un soupçon de liberté. Bien évidemment, j’en fais aussi partie.
A l’issue de l’après-midi, je m’arrête à l’office des forêts de Fontainebleau. Je connais l’endroit, j’y ai bivouaqué l’été dernier. Par contre, à la différence de l’été dernier, le robinet d’eau ne fonctionne plus. Ainsi, je préfère partir chercher un autre spot, plus au cœur de la forêt, entre les roches qui font le bonheur des pratiquants d’escalade. Finalement, c’est au bord d’un étang, derrière les imposantes pierres de grès que l’IGN appelle la Roche-qui-Pleure, que je plante la tente. J’y trouve des fleurs jaunes, quelques crapauds, trois-quatre moustiques chassés par le vent ; en bref, la recette d’un bivouac réussi.
📅 Jeudi 14 mai
🥾 15.9 kils
📍 De la Roche-qui-Pleure à la Chapelle de Fourche
Première nuit en extérieur depuis deux mois et demi. La nuit a été compliquée. Je ne suis plus habitué aux sons de la vie sauvage, au vent qui souffle, aux craquements de branche, aux crapauds qui croassent. Le temps nécessaire à mon endormissement a été long.
Je prévois de randonner à travers Fontainebleau pour atteindre les sables du Cul-du-Chien, un lieu rêvé du monde de l’escalade pour ses roches qui l’entourent, et que je trouverai à une dizaine de kilomètres de mon bivouac. Ce que j’appelle familièrement le lac de sable est en fait une grande étendue de résidus de sédiments d’une mer qui disparaissait il y a 35 millions d’années. Orné de pinèdes et de rochers à escalader, le lac prend facilement des airs uniques et agréables, laissant remonter à la surface des bons souvenirs qui furent peut-être trop longtemps enfouis dans les forêts de pins de la côte Atlantique. En d’autres termes, il s’agit d’un endroit idéal pour prendre une longue pause et rêvasser.
Malheureusement, en arrivant aux sables, ma joie s’envole aussi vite que le vent qui souffle. La tempête de la veille n’a toujours pas cessé et les rafales à cinquante kilomètres par heure n’améliorent guère la situation. Mon saucisson croustille, je retrouve du sable au fond de mon sac, j’ai peur que mon appareil photo s’enraye, bref, j’en ai marre. Rapidement, je quitte le lac pour trouver un rocher où m’abriter du vent et surtout du sable. En quelques minutes, c’est chose faite. Perché sur un immense cailloux de grès à la lisière du bois, je peux profiter du soleil sans prendre le vent et le sable qui l’accompagne.
A la reprise, je traverse le village du Vaudoué, où le seul épicier ne prend pas la carte en dessous de dix euros. C’est malheureux. Je décide de poursuivre pour atterrir en fin d’après-midi à la Chapelle de Fourche. Après m’être coulé une tisane, je prends le temps d’écouter les oiseaux. Un coucou chante particulièrement fort. J’essaie de le photographier, mais encore faudrait-il le trouver. Un peu plus proche, j’aperçois une mésange qui effectue des aller-retours entre son nid creusé dans les ruines de la chapelle et le bois situé à quelques dizaines de mètres. A chaque retour, elle porte un vers dans son bec, le repas de ses petits j’imagine. J’essaie aussi de photographier la mésange. Mais, trop rapide à mon goût, je n’arrive pas à trouver l’angle qui me convient.
Le vent quant à lui souffle toujours aussi fort. Même si je porte trois couches et que le thermomètre doit afficher 18 degrés, j’ai froid.
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