03/10

Temps de lecture : 4 minutes

📅 Saint Jacques de Compostelle – Journal de bord – 03/10

📍 Saugnacq – Labouheyre
🥾 26
⏱️ 08:45
🌡️ Soleil
⛺ Auberge à Labouheyre
📋 Détail des étapes

Premier réveil au beau milieu de la nuit. Alors que je somnole, je sens une bestiole me renifler le visage. Surpris, je me lève d’une traite, je me débat avec mon duvet pour essayer d’en sortir les bras, et j’attrape ma frontale. Je regarde autour de moi et au loin, dans le reflet de la lumière de la lampe, apparaissent deux yeux. Deux yeux d’un jaune très brillant. Bordel, on m’espionne. Je reste statique et tente d’analyser la situation. Sauf qu’il fait noir et que je ne porte pas mes lunettes. En d’autres termes, c’est la galère. Quelques instants plus tard, j’entends du bruit derrière moi. Je me retourne et pointe la frontale vers le bruit. Bordel, un second animal. Cette fois-ci, il m’est plus simple de l’identifier. La bête est plus proche, et elle ressemble fortement à un chien. Un genre de Jack Russel. Je me retourne à nouveau pour tenter d’identifier le premier animal. Il s’est rapproché de moi et la lumière de ma lampe laisse apparaître un chien, aux allures de Jack Russel lui aussi. Je remarque que les deux animaux portent un collier. Un éléments rassurant puisque cela signifie qu’ils ne sont pas sauvages. Ils me tournent autour, viennent renifler le bout de mon duvet. Ils ne sont clairement pas méchant. Je me rendors paisiblement.

Deuxième réveil plus tard dans la nuit. Cette fois-ci, mes camarades ont décidé d’aboyer. A nouveau, je me lève, je me débat avec mon duvet pour en sortir mes bras, attrape la frontale et tente de comprendre ce qu’il se passe. Les chiens ont l’air de vouloir s’en prendre à quelque chose, à priori localisé de l’autre côté de la rivière. Après une vingtaine de minutes, les aboiements cessent. Je me rendors paisiblement.

Troisième et dernier réveil. Grâce au lever du jour cette fois-ci. Quand j’ouvre les yeux, je cherche les chiens du regard. Ils ne sont plus là. A mon avis, ils avaient dû faire le mur pour la nuit et sont rentrés au petit matin.

Route départementale jusque Moustey

Je m’arrête à Moustey pour le petit déjeuner. En plus de l’excellent croissant que j’y déguste, j’apprends que Moustey se situe à 1000 kilomètres de Saint Jacques de Compostelle. Anecdote sympathique certes, mais elle me fait réaliser que j’ai encore du chemin à parcourir.

Au village suivant, Pissos, je décide de prendre une pause. Je m’assois au près de l’église, allume une cigarette quand surgit un certain Jean-Paul. Il m’interpelle, me demande si je parcours les chemins de Compostelle, et entame la conversation. Jean-Paul est un ancien pilote de l’armée de l’air. Il a eu l’occasion de voyager à nombreuses reprises, notamment au Groenland et au Japon, qui sont ses plus beaux souvenirs. Mais Jean-Paul m’explique surtout que, les plus beaux souvenirs, ce sont ceux que tu partages avec quelqu’un. En vue de poursuivre la conversation, l’ancien pilote me propose d’aller boire un café au troquet du village. J’accepte volontiers et nous nous rendons dans l’un des uniques lieux de vie du centre-bourg. Pendant une heure, j’écoute Jean-Paul me définir sa philosophie de vie. Une philosophie surprenante, mais intéressante.

Le temps est la grande inconnue de toutes les équations scientifiques. Personne n’est capable de définir le temps puisqu’il existe des infinités de référentiels. Réussir à se situer dans l’instant présent, prendre du recul sur soi, et comprendre qui nous sommes pour parvenir à savoir où nous voulons aller sont des étapes clefs dans l’analyse du temps.

Déjà un peu perché, il poursuit son exposé.

La vie doit être comme une salle de cinéma dans laquelle tu rentres, mais dans laquelle la construction ainsi que la réussite du film dépendront uniquement de tes choix. Ce film, tu le réalises pour toi. Tu ne te préoccupes pas du masque social que tu portes en dehors de la salle et qui, bien trop souvent, te fait vivre par procuration. A ce moment, tu ne penses qu’à toi (sans être égoïste pour autant – ça n’est pas de l’égoïsme que de penser à soi). Enfin, il ne te suffira qu’à vivre chaque instant pour que ton film corresponde à tes envies plus qu’à n’importe qui.

Intéressant. Chacun pourra y trouver l’interprétation qu’il souhaite y trouver. Pour ma part, il est presque 13 heures, Jean-Paul prend congés, je me remets en route.

Peu avant l’arrivée à Labouheyre, je croise à nouveau Maëva. Alors que nous avions prévu des itinéraires légèrement différents la veille, nous nous retrouvons finalement. Ensemble, nous prenons la direction de l’auberge du centre de Labouheyre. La patron, Philippe a ouvert son auberge il y a quelques mois seulement, après un burn-out alors qu’il travaillait pour une société de construction. En soirée, nous partageons notre repas tous ensemble. Philippe nous explique qu’il souhaite se lancer sur les chemins de Compostelle, mais en hiver, quand la saison est basse pour son activité. Courageux. 

A nouveau, passées 22.00, le sommeil nous rattrape rapidement. Il est temps d’aller dormir.


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