12/10

Temps de lecture : 3 minutes

📅 Saint Jacques de Compostelle – Journal de bord – 12/10

📍 Saint-Jean-Pied-de-Port – Roncevaux
🥾 25.2
⏱️ 07:40
🌡️ Nuages
⛺ Bivouac à Roncevaux
📋 Détail des étapes

1400 mètres de dénivelé positif et un départ à 8 heures. C’est ce qu’il faut retenir pour notre départ d’aujourd’hui. Je ne me suis jamais levé aussi tôt pour fournir un effort aussi intense depuis le début de ce pèlerinage.

C’est ainsi que nous, Martin et moi-même, partons à l’aube. Il fait encore frais et, le soleil, bien caché derrière les nuages, peine à se lever. Les premiers mètre sont difficiles mais nous rentrons rapidement dans le rythme. A peine sortis de Saint-Jean-Pied-de-Port, nous croisons des pèlerins par dizaines, qui, comme nous, tentent de rejoindre Saint Jacques de Compostelle. Il devient clair que l’ambiance sur le chemin va changer pour les jours à venir : d’un parcours solitaire où les seuls moments en société étaient rythmés par des rencontres hasardeuses avec des inconnus de passage, je vais basculer sur un chemin foulé chaque jour par des dizaines de marcheurs au seul et même objectif : atteindre coûte que coûte la sainte ville de Saint Jacques de Compostelle.

Après une heure de marche, nous faisons la rencontre de Robert (à défaut de lui avoir demandé son prénom, nous l’appellerons Robert pour la suite du récit). Robert a plus de 50 ans. Tous les samedi, il parcourt les 1400 mètres de dénivelé positif pour s’entraîner. C’est important de garder la forme à cet âge nous dit-il. Lors de notre conversation, nous évoquons les problèmes des éleveurs vis-à-vis des loups et des ours.

Aussi, il nous donne une palanquée de conseils sur le Camino Francès. Curieux, nous lui demandons comment est la ville de Saint Jacques de Compostelle. Il nous répond, peu fier, qu’il n’y est jamais allé et qu’il n’a même pas pratiqué le Camino Francès. A quoi bon donner des conseils alors ? Robert, comme certains que j’aurais l’occasion de croiser plus tard, rentre dans cette catégorie des vieux de plus de 50 ans qui te donne des leçons sur la vie, sans jamais avoir avoir vécu la leur.

Sur le chemin qui rejoint Saint-Jean-Pied-de-Port à Roncevaux

Au plus nous nous rapprochons du sommet, au plus le vent souffle. A un tel point que sur certaines portions, face au vent, nous avons l’impression de doubler notre effort. Nous atteignons le sommet tout juste après avoir franchis la frontière espagnole. D’une manière étonnante, le passage de la frontière change beaucoup de choses : la langue, la signalétique (place aux fameuses flèches jaunes du Camino Francès), la météo, et surtout le paysage. La montée que nous subissions il y a encore une heure de ça, sous le vent et une légère bruine, se transforme sur les terre espagnoles en une descente en forêt, ciel bleu et vent quasi inexistant. Plus qu’un seul objectif maintenant : Roncevaux.

Roncevaux est une usine à touristes pèlerins par excellence. Je paie 3 euros pour bénéficier d’une douche chaude dans une abbaye qui a complètement été repensée pour l’accueil des pèlerins. Environ 100 lits superposés (pour un accueil allant jusqu’à 200 marcheurs) sont répartis le long de deux couloirs. Pour ma part, je préfère passer la nuit sous l’un des porches de l’abbaye.

Le soir venu, après un beau passage orageux (heureusement que j’ai installé mon bivouac sous un porche), nous nous sommes offerts le confort d’un repas à 12 euros, soupe + pâtes + poulet + frites + glace + vin ! Pour faire au plus simple, le restaurateur a dressé des tables de dix convives. Ainsi, nous pouvons compter autour de la table un un français (moi-même), un suisse (Martin), deux italiens, deux espagnols, et quelques autres dont les nationalités m’ont échappé.

Après quelques verres de vins, le ton commence à monter. Nous échangeons tous à propos de nos premières expériences. Certains marchent depuis ce matin, ou d’autres marchent comme moi depuis un mois déjà. Sur les coups de 21 heures, le restaurateur nous fait comprendre qu’il ne va pas tarder à fermer. Ce qui n’est pas plus mal puisque la fatigue se lit sur le visage de certains, comme sur le mien j’imagine. Nous quittons tous le restaurant pour retrouver nos lits et bivouacs respectifs.

Je croiserai à nouveau certains des pèlerins avec qui j’ai dîné ce soir. Pour les autres, ce soir aura été notre seul moment d’échange.


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