Un Regard sur Châtelais

Au cours de l’automne, Franck me rend visite pour m’évoquer un projet sur lequel il travaille. Châtelais est un petit village de l’Anjou qu’il a arpenté plusieurs semaines, appareil photo en bandoulière. Il en tire une exposition, pour laquelle il me demande de rédiger une note d’intention.

📸 Les photographies de capturées par Franck dans leur format original
📓 Télécharger le fanzine de l’exposition (14 Mo)

Voyage, voyage :

Tout est question de regard. Sur les cartes, les doigts errent d’une métropole à l’autre. Ces grandes masses urbaines forment des taches grises incongrues, creusées d’interminables sillons. Elles aspirent le regard, attisent l’attention. Elles noient ceux qu’on appelle les « oubliés ». Pourtant, au bout de voies que l’on croirait sans issue, des femmes et des hommes demeurent. Ils continuent de façonner une terre à laquelle ils appartiennent. Malgré l’exode rural ou le déclin du commerce, l’évanouissement infondé de leur histoire, certains modernes aventuriers décident de s’y rendre. Attirés par le « vide », ils posent le regard pour analyser, décortiquer, comprendre et rapporter. Ils témoignent avec compassion de la fougue qui y subsiste.

En indéniable salarié de l’imaginaire, Franck Le Quellec est l’un de ses hommes. Appareil photo Pentax 67 en bandoulière, ce jeune aventurier s’est rendu à Châtelais pour immortaliser les couleurs chaudes qui caressent le crépuscule de l’été. Ses diapositives Velvia 100 exposent avec fidélité la clarté des paysages champêtres qui égrènent le village de Segré-en-Anjou Bleu. Un jour, il navigue sur les eaux douces de l’Oudon pour capturer son pont de pierre ; il glisse sur les tuiles branlantes de l’ancienne ardoisière de la Grande Besnardière pour se rappeler son passé industriel. Un autre, son objectif se heurte aux murs sévères de la tour Carrée ; il arpente les ruelles paisibles du bourg à la recherche du clocher. Ses sentiments sont a priori unanimes. Le paysage de Châtelais, authentique et baigné d’une culture champêtre, l’absorbe.

Les 600 habitants de Châtelais respirent la promesse d’une unité sereine. À l’ombre de ses cultures organisées en bocages, on se réfugie des grands axes, on vit à couvert du tintamarre des grandes cités. « On rentre pêcher à la maison pour se retrouver », entend-on au bord de l’Oudon. « On se réunit tous les mardis et vendredis pour quelques parties », précise-t-on au jeu de boule de fort. Malgré les commerces et services qui périclitent, à l’image de la récente fermeture de la pharmacie ou du médecin bientôt évaporé vers d’autres horizons, Franck Le Quellec immortalise les susnommés « oubliés ». Symboles forts d’une ruralité vigoureuse, les Châtelaisiens au milieu de leur territoire continuent de guetter fièrement l’avenir incertain.

Voyageur de l’image, Franck Le Quellec naît et grandit dans le Finistère. Il touche pour la première fois à la photographie au cours de ses jeunes années, lorsqu’on lui offre un Polaroïd. À sa majorité, il quitte le cocon familial pour vagabonder entre le nord et l’ouest de la France. Berck-sur-Mer devient ainsi le théâtre de ses premiers pas dans le monde mystérieux de l’argentique. Plus tard, Rennes et Brest l’invitent à s’y consacrer pleinement. Dans ces deux dernières, il suit avec sérieux des cours de photographie qui l’amènent à s’investir dans l’association Gosh! – « L’association photo argentique rennaise ». Il enseigne à son tour auprès de photographes néophytes. En 2021, son travail est récompensé au travers d’une première exposition intitulée « De l’aide à l’intime ». En 2023, il se passionne pour Châtelais et expose de nouveaux clichés dans une série qu’il nomme « Un regard sur Châtelais ».

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