Slàinte Mhath 1/3 — L’automne approche lorsque Franck et moi découvrons les lueurs flamboyantes qui noient l’île de Skye, écrin de paradis lové au nord-ouest de l’Écosse. Nous disposons d’une semaine pour découvrir le Skye trail, un itinéraire de randonnée qui serpente sur 120 kilomètres de Boradford à Duntulm.
D’un bivouac à l’autre, j’écris cependant que Franck photographie. Les paysages fjordesques irradiés de soleil, composés de collines rondes et de loch placides, pullulent de détails que l’esprit souhaite graver à jamais. Il y a l’éreintement des midges, le grincement des articulations, mais il y a aussi les rencontres, les bothies, et les vues cavalières qui portent jusqu’à l’océan.
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📅 6 jours
🥾 129 453 pas
📈 2 020 D+ / 2 020 D-
📍De Broadford au Storr, sur l’île de Skye en Écosse
📸 Toutes les photographies ont été capturées à l’argentique par Franck Le Quellec
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La série complète de Slàinte Mhath
📘 La première partie du récit
📙 Le seconde partie du récit
📕 La troisième et dernière partie du récit
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Brèves de comptoir :
📅 18 septembre
🥾 13 160 pas
📈 180 D+ / 170 D-
☀️ Météo azurée
L’histoire commence à bord d’une voiture, Peugeot 406 break gris souris, modèle diesel datée de 2002, aux sièges élimés et imprégnés d’une légère odeur jaunie par le tabac froid. Franck et moi écumons les routes du nord de l’Écosse, en direction des Highlands. Sur notre droite, le Loch Ness forme une étendue d’eau massive, reflet organique d’un ciel immaculé. Sur notre gauche, de mystérieuses forêts de conifères s’élancent vers l’azur où l’astre solaire roule comme un disque jeté sur les sentiers de l’infini.
Nous coupons les ronronnements du moteur pour déjeuner au bord de l’eau. Le coffre du bolide dégueule de vivres. Derrière nous s’étalent deux semaines de barouds en long et en travers du Royaume-Uni. Il reste des boîtes de conserve, des tranches de pain de mie et des tomates séchées. Parfois, je regarde la 406 et pense qu’il est fou qu’une voiture, incorrigible signature du progrès, puisse avaler autant de kilomètres en un temps si réduit. Les chevaux cachés sous le capot sont pléthoriques et probablement increvables. De l’Écosse, peut-être pourrions-nous rouler jusqu’au Groenland ainsi, qui sait ?
La berge est d’une douceur exquise, le loch si paisible qu’il semble irréel. L’ardeur du soleil colore son visage de cuivre et les rares esquifs qui osent s’y aventurer dessinent, à la force de leur passage, des sillons de rides. Alors, le rivage s’agite et les eaux nous parlent. Serait-ce Nessie que voilà ?
Salade de pois chiches, tasse de café, pipe pour moi, cigarette pour Franck, admiration inextinguible du paysage pour tous les deux. Puis, nous en retournons à la voiture. Le soleil castagne le bitume et sur mon front dégoulinent des cataractes de sueur : loin de moi les tableaux stéréotypés d’une Écosse fraîche et noyée de brume, hantée de châteaux sombres et agitée par les mouvements amples de quelques kilts bigarrés. La canicule rend les rêves insipides et, sur la route, les chants farouches des moteurs lancés à 50 miles à l’heure remplacent la mélodieuse cornemuse. La réalité figure en fait une bête féroce à la mâchoire solide et avaleuse de songes.
À l’arrière du coffre, nous ajustons nos sacs à dos que nous chargeons d’une tente, d’un duvet, d’un matelas et du nécessaire pour espérer des repas ordinaires. Dans une à deux heures, les roues de la Peugeot écraseront le bitume du village de Broadford en Écosse, porte d’entrée de l’île de Skye qui partage des latitudes semblables à celle du nord du Danemark ou à la région de Terre-Neuve-et-Labrador au Canada.

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Presque deux heures se sont écoulées et nous garons derechef la 406, sur un petit parc de stationnement de la susnommée bourgade de Boradford cette fois-ci. L’émotion est palpable. De ma bouche peinent encore à sortir les correctes formulations. Verbaliser mes sentiments relève d’un art abstrait, difficile à cerner. Derrière nous s’effilochent des montagnes rondes et dodues, couvertes de landes rocailleuses et de bruyères automnales. L’éternel y projette une aura fabuleuse. Les lueurs disséminées attirent les touristes zélés qui, agglutinés au bord de la route, s’affranchissent avec maladresse de tous les dangers dans le dessein de capturer l’instant. « C’est beau », dis-je niaisement à Franck. Il semblerait qu’un mot puisse valoir dix mille.
Nous hissons nos sacs sur nos dos et je quémande à un couple lézardant sur un banc de nous photographier. Après cette séance de sourires faussement tirés, je jette mon téléphone au fond de mon sac. Je ne le sortirai qu’à deux reprises, une fois à Portree pour lui écrire que je l’aime, une autre à Duntulm pour lui écrire que nous empruntons le chemin pour rentrer d’Écosse.
Carte à la main, Franck et moi nous élançons dans le vide. Nous ne connaissons guère l’Écosse, hormis l’expression de bienséance Slàinte Mhath qui signifie « santé » en Écosse, le haggis — comprenez « panse de brebis farcie » — que nous goûtâmes la veille dans une banlieue décrépite du grand Glasgow, et quelques recommandations à l’égard des midges, terribles « moustiques » des highlands assoiffés de sang, vivant en nuées compactes et inébranlables.
Le bitume disparaît rapidement au profit de sentiers étroits. Le ciel, entièrement lavé, continue de briller. Je fais rapidement tomber la chemise et le foulard, suggérant que la mode préfère les températures davantage clémentes. Franck a le pas vif et prend une avance considérable. Le photographe jubile face à l’explosion de lumières.
Devant nous, les sommets s’emmêlent à l’horizon et composent une chorégraphie féerique. Une danse vespérale embrase l’autre côté du monde et provoque une pluie de lueurs tièdes qui resplendissent sur chaque angle du relief, abandonnant dans les ombres une poésie proche de la légende. Des moutons peu farouches entravent le chemin. Le pelage de leur crâne miroite une blancheur d’ivoire. Sur les pelouses opulentes d’Écosse, et sur l’île de Skye plus particulièrement, ils représentent des perles chahutées sur un écrin de verdure. Plus loin, la route s’évanouit et le bitume brille comme une ceinture d’argent accrochée à la taille des montagnes.
Le dénivelé est faible, mais les sacs chargés de nourriture pour au moins quatre jours d’autonomie font suer. En plus de la semoule et des sardines, nous avons ajouté des boules de pain, du fromage, des mandarines et des cacahuètes. Les thés et tisanes serviront à aromatiser l’eau fraîche des ruisseaux que le gaz de la popote portera à ébullition.

Au détour d’un col, je rattrape Franck. Le photographe vient de poser son sac. Son regard fixe le Loch Lonachan, perché à quelque 150 mètres du niveau de la mer. « Je n’ai pas respecté la règle des tiers, m’explique Franck. Je voulais que le ciel, immense, écrase la montagne qui elle-même écrase le loch ». Le relief, qui congestionne l’impression de Franck, malgré sa faible altitude que la carte révèle mesurer 300 mètres, étouffe l’atmosphère. Ces gros cailloux et leurs silhouettes arrondies sont des muscles bandés autour d’un corps pelé, contraints par une force tectonique imbattable. Ils se positionnent en inépuisables victimes des frises chronologiques. Les sujets d’étude orographiques mènent une magnifique lutte des paysages qui, des millénaires durant, poursuivent inlassablement un combat acharné. Nous autres, minuscules admirateurs de ce spectacle merveilleux, baignons notre regard dans cette démonstration titanesque. La beauté, cette grande valise remplie d’un millier d’articles, se définit de manière relative, mais parvient souvent à trouver un dénominateur commun : ici, dans les ourlets montagneux de l’île de Skye, des montagnes de pierres et de bruyère habillées de lumières.
Lorsque le soleil tend vers l’horizon, nous descendons un chemin boueux, ameubli par les pas fermes des promeneurs et les pneus crantés des cyclistes. En contrebas pourtant, rares sont les traces de nos semblables. En seuls êtres vivants, les moutons dérobés dans la lande et les nuées difficilement supportables des midges affamées. Nous piochons un replat à proximité d’un assemblage de ruines qui fait face à la mer et montons, gonflés de joie, notre premier camp.
À l’est, une lune grosse et radieuse lève un rideau de lumière pâle. La voûte céleste déploie ses premiers scintillements. Dans la popote, la semoule est chaude, tout aussi réconfortante que le chant de la houle légère qui vient gracieusement lécher la terre. « Nous sommes chanceux », affirme Franck.

📅 19 septembre
🥾 31 822 pas
📈 440 D+ / 450 D-
☀️ Météo azurée
Franck et moi avions que trop vaguement entendu parler de cet enfer. Peu avant notre départ, je rencontrai Marguerite, une amie de Franck qui prévenait du désastre moral qu’engendrait l’abnégation des midges prêts à tout pour se nourrir de sang. Ces mouches minuscules, endémiques de l’Écosse, sont à peine plus grosses qu’un grain de sable, mais volent en insondables nuées et s’attachent indélicatement à la peau pour sucer, je suggère, les minéraux que notre organisme transpire ou le sang qui circule dans les veines et muscles inondés de notre corps.
Sur les mains, aux commissures des yeux, à l’entrée des oreilles, elles se posent et crachent suffisamment d’acide pour que l’épiderme s’éveille, rougisse et traverse un ennuyeux picotement. Au petit-déjeuner, je lorgne la popote en ébullition cependant que ces minuscules créatures enflamment les parties dévoilées de mon corps. Je peste. « Je n’ai déjà plus la patience de les supporter », renchérit Franck, dont les avant-bras, le cou, ainsi que le visage, ne tarderont pas à se parer de plaques rubicondes.
La misère parfois se dérobe dans le quasi-néant, difficilement perceptible, pourtant infernale et suffisamment opiniâtre pour parvenir à dérégler les plus sages esprits. Hâtivement, nous plions le camp. Le ciel rutile à nouveau. La lune a disparu et un soleil jaune comme de l’or darde des flèches flamboyantes comme l’archer anglais arrose un champ de bataille.

Cette deuxième journée est complète. Nous progressons d’un pas d’athlète sans franchement savoir où nous arrêter. Les paysages qui défilent racontent une histoire côtière. Le long de l’océan, nous observons les mouvements paresseux des marées qui découchent de la grève. L’estran s’ouvre sur un lit de roches noires et grises, par instants habillées d’algues bercées de lumières. De l’autre côté, point d’horizon. Des roches charnues s’érigent en montagne et ressemblent à de gros pachydermes affalés sur la plage. Le nord-ouest de l’Écosse ressemble à un archipel, vaillant cadavre exquis où se mêlent terre et mer.
Franck croise de nouveaux moutons qu’il capture dans sa boîte noire. Je poursuis la marche, cherchant du regard les chemins qui parfois n’en sont pas. Le Skye Trail que nous avons décidé d’emprunter est un itinéraire connu d’une menue poignée de cartes et de guides. Sur le terrain, nulle ostentation défigure la rondeur des chemins. Les panneaux d’indication sont brefs, le balisage inexistant. En seuls repères, nous utilisons notre carte, notre boussole parfois. Sans indications de terrain, je prends l’itinéraire comme une promenade dans l’inconnu, une balade oisive dans un pays où les montagnes douces et polies invitent aux rêves.


À lire dans l’Agora :
Après un long passage bitumé — le bitume est au sentier ce que le cauchemar est au rêve susnommé —, nous trouvons à la sortie du hameau de Torrin une herbe dévorée par les ovidés. Au sol, l’humidité demeure. À quelques encablures, la marée poursuit sa lente descente et la baie qui complète notre programme télévisé, que la toponymie appelle Loch Slapin, dévoile des sentiers imaginaires comme ceux qui, naguère, guidaient le peuple juif hors d’Égypte.
Une boîte de sardines, deux tranches de pain, une monstrueuse poignée de cacahuètes et, en guise de dessert, et pour nous éviter un scorbut prématuré, une mandarine : notre déjeuner est un festin.
Nous apprenons au travers de la lecture du monde, enchevêtrement de montagnes rondes alanguies en bord de mer, que notre alimentation ne se contente pas des habituelles questions nutritionnelles. L’esprit devient l’estomac qui digère la profusion de paysages que l’attention sélectionne avec soin. Je trouve dans la métaphysique de cet exercice une certaine forme de méditation. Le corps au repos, baigné de soleil, les doigts encore gras des sardines à l’huile, je contemple et l’esprit s’affranchit des pensées nauséabondes. Je suis léger, tels ces oiseaux qui naviguent à vue, perchés dans le ciel. Tout devient aisément accessible. Il n’y a plus de contrainte, ni de frontière. Je m’imagine caracoler sur les crêtes voisines, jouer de mon équilibre précaire sur ces sommets qui paraissent inaccessibles. Il n’y a plus de factures à régler, seulement des sentiers à découvrir. Les malheurs disparaissent et l’aventure devient ferme, réelle.

Avant de quitter la table, nous déplions la carte au sol pour rendre compte de notre itinéraire. Entre les lignes de niveau, une vallée apparaît inviolée de la présence humaine. Les ruisseaux et rivières qui s’y jettent forment les seules voies. Au bout, il est possible de rattraper un col où trouver un chemin qui zigzague jusqu’aux portes ouvertes d’un bothy. Nous plions la carte puis nous mettons en route vers cette vallée promise.
Le ciel est toujours aussi clair et le soleil tambourine mon crâne. Une sueur collante dégouline de mon front et imbibe le bandana que j’y ai noué à cet effet. Au moment de passer un gué, Franck retire ses vêtements pour plonger, téméraire, dans les eaux glacées pleurées par la montagne. Il frissonne de joie et je reste stoïquement rangé sur la berge, à vainement interroger mon inébranlable crainte des eaux vives. N’aurais-je jamais un jour le courage de connaître cette même joie ?
Franck rhabillé d’un caleçon et une paire de chaussettes propres, nous obliquons à flanc de montagne dans un biotope jonché de tourbe poisseuse. Sous nos semelles, les sentiers disparaissent. Chaque pas nous entraîne un peu plus vers un lieu cerné par le sauvage. La pente est raide et mon souffle court. Je regarde Franck pour lui dire : « T’as bien fait de fumer ta dernière cigarette au déjeuner, je suffoque ». Et le photographe de me répondre : « Moi aussi, c’était celle de trop ».


Nous nous élevons au plus haut à 250 mètres du niveau de la mer, loin des 928 mètres du Blà Bheinn, montagne charnue et ténébreuse qui nous observe. Soudainement, la vallée apparaît, charmée de chlorophylle et fidèle aux courbes que la carte dessinait. Incurvée et nourrie de mille et un ruisseaux naissant des reliefs adjacents, ce tunnel à ciel ouvert coule en pente douce en direction d’un lac lové sous le col que nous visons. La vue est étroite parce que cernée par le relief, mais indéniablement profonde. Dans les crénelures des crêtes alentour, nous devinons les reflets lunaires de l’océan. Le silence est divin, seuls les sons de nos pas dans la tourbe et du ruissellement blanc de l’eau occupent les fréquences.
Dans notre monde pollué d’ambiances sonores éclectiques délirantes, ce silence indigène des beaux reliefs marque un temps de pause, une symphonie plate, un concert sourd. Le corps redevient un être à part entière. S’entendre respirer est un luxe. S’écouter penser est une fortune. Franck et moi échangeons peu, sinon pour nous prévenir des tourbes qui, malencontreusement, avalent nos chaussures. Chacun vaque à ses rêves et à ses projets, construisant un lendemain meilleur que le passé parfois insatisfait.
Pour étancher nos soifs, nous nous penchons à plusieurs reprises au-dessus du lit des rivières. L’eau est fraîche, exaltante. Dans le gosier, elle ruisselle comme une douce promesse, comme l’espoir d’un jour meilleur. Au regard de nos gourdes qui se vident aussi rapidement que s’assèchent les déserts, nous multiplions nos pauses. Puis je me demande : notre oasis apparaîtra-t-elle seulement un jour ?

Les heures défilent tandis que la vallée nous absorbe. Au loin, le col n’apparaît jamais. Là-haut le soleil hurle. L’humidité nous ronge jusqu’aux os. Nous ne parlons plus cette fois-ci, puisque la fatigue nous maltraite. Les rêves qui protégeaient notre progression jusqu’alors se muent en cauchemars. La marche devient notre bourreau qui, de ses coups lâches, accentue le tiraillement de nos muscles, les picotements de nos articulations. Épris de fatigue, je me flagelle pour avoir proposé cette vallée hors des sentiers battus. Des chemins existent, pourquoi ne pas les emprunter ? Quel genre de prouesse ai-je envie de mener ? Souhaité-je naïvement me fondre dans la jubilation fictionnelle d’un certain Edward Malone face au Monde perdu ? Pis encore, pourquoi infliger à Franck ces inepties que je m’assène ?
En Écosse comme partout ailleurs, il est davantage aisé de pester lorsque les difficultés nous prennent en tenaille. La tourbière derrière nous, nous finissons par trouver le chemin de pierre tant attendu. Le relâchement provoque l’effet d’un ascenseur émotionnel. Dressés sur le col, nous guettons le chemin parcouru. La tourbe n’est déjà qu’un souvenir, une vieille histoire que l’on se plaît à raconter.
En contrebas du col, le bothy se dresse face à la mer comme un vieux monsieur calme et solitaire éperdu dans les mouvements de son fauteuil à bascule. Derrière une butte, des cervidés gambadent, la gueule rivée vers les herbes grasses et l’œil tourné vers l’océan. J’abandonne Frank, qui se dépêche de sortir sa caméra pour capturer les bêtes, pour prendre mes quartiers à l’intérieur du bothy. Au Royaume-Uni, un bothy est le nom donné pour une cabane non gardée. Elle est ouverte à tous, pourvu que chacun remette le lieu dans un état plus propre encore qu’à l’arrivée. Ni clé ni code secret, ces cabanes gérées de manière associative fonctionnent sur ce que la propriété privée a écrasé : la confiance.

Voyage, voyage :
À l’intérieur, je trouve un couple de Français en pérégrination dans les pays d’Europe septentrionale. Un mois en Norvège, un autre en Islande, aujourd’hui en Écosse, et demain alors ? « Nous allons embarquer sur un voilier à Saint-Malo pour partir naviguer en Méditerranée », conclut le couple, l’expression tranquille. « Il semble que la misère est meilleure au soleil », chantait à ce propos Aznavour.
À côté de nous, des Américains parlent fort tout en dévorant des plats lyophilisés. Au milieu de leur table est dépliée une carte sur laquelle l’un des leurs, un garçon à la trentaine, aux cheveux fort bouclés sous sa casquette bien vissée, pointe d’un stylo les sommets de la région. Dans de tels univers, l’aventure ne cesse jamais.
Lorsque Franck nous rejoint, il raconte avoir photographié les biches à cinq mètres, guère plus. « Comme si les chasseurs n’existaient pas et que les animaux ne craignaient pas l’homme en Écosse », argue-t-il. Nous en profitons pour étaler notre tableau de chasse visuelle, bien maigre constatons-nous puisqu’il ne se compose pour le moment essentiellement que de moutons et de midges. D’autres sujets s’échangent, mais, trop rapidement, le soleil le sommeil nous gagne. Des premiers ronflements émanent de la chambre à coucher cependant qu’à l’extérieur, le ciel, toujours aussi limpide, se couvre de poussière d’étoiles.
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La série complète de Slàinte Mhath
📘 La première partie du récit
📙 Le seconde partie du récit
📕 La troisième et dernière partie du récit
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